Alger 2012-Rio Juin 2012 – sommet officiel dit « sommet de la Terre-Rio+20 » et sommet altermondialiste « sommet des peuples ».

Rio Juin 2012 – sommet officiel dit « sommet de la Terre-Rio+20 » et sommet altermondialiste « sommet des peuples ».

A Rio ce sont deux rassemblements complètement disjoints qui se sont déroulés, disjoints dans l’espace comme dans le contenu. Il y avait d’une part la conférence des Nations Unies sur le développement durable, intitulée « sommet de la Terre », 5ème du nom, dans la série des rendez-vous décennaux inaugurés à Stockholm il y a 40 ans ; son 2ème titre Rio+20 célébrant la conférence de 1992 qui eut le mérite de développer le concept de développement durable liant enjeux environnementaux et sociaux –avant qu’il ne devienne entre autres une tarte à la crème publicitaire. Rio 92, c’étaient aussi l’ « agenda 21 », les « objectifs du Millénaire » et les conventions « climat » à l’origine du protocole de Kyoto ! Mais que reste-t-il de tout cela, quelle promesse a été tenue ? En ce Rio 2012, précédés par des centaines de hauts fonctionnaires et d’assistants préparant les textes, entourés de milliers de journalistes et de délégués accrédités, quelles décisions et engagements ont pris les chefs d’Etats ? La déclaration finale arrachée par le Brésil –qui n’a pas « lésiné » sur les moyens techniques et sécuritaires – comporte essentiellement des vœux pieux, des recommandations aux Etats et à l’assemblée générale des Nations Unies, mais pas d’engagements contraignants ni, a fortiori d’agenda. Cela donne le vertige, l’indignation puis la colère de voir le décalage entre les moyens mobilisés et le résultat.

En parallèle, sinon en opposition, très loin dans la forme, dans le contenu comme dans l’espace, s’est déroulé le sommet « des peuples ». En effet, c’est tout un symbole, il s’est tenu tout près du centre ville, en bord de mer, à portée des marcheurs, des bus et des métros et non à 40 km dans un centre de congrès quasi « bunkerisé » comme le Forum onusien. Lors du week-end notamment, nous vîmes « débarquer » sur les ponts enjambant la rocade les familles, les groupes de jeunes, le peuple de Rio rejoignant les militants du monde entier pour prendre part au Forum et à la fête. Durant une semaine se sont succédés les ateliers, séminaires, plénières, tables rondes et enfin les assemblées générales/bilan. Quatre axes principaux correspondaient à quatre ensembles de chapiteaux et tentes : les Droits de l’Homme et des peuples, les Fondamentaux éthiques et philosophiques, l’accès aux richesses et biens communs et les questions des pouvoirs et de la démocratie avec comme fil conducteur commun, la justice sociale et environnementale.

Les militants rassemblés ont eu la responsabilité de décrire, de dénoncer et de proposer des solutions alternatives. Ces trois temps étaient bien identifiés par les organisations responsables des activités. La statut de ce Forum d’initiative brésilienne faisait que tout en étant de fait un Forum social mondial, il pouvait s’écarter de la charte fondatrice en se donnant la liberté d’émettre des propositions d’axes de lutte, par exemple contre la militarisation des Etats et des territoires, les multinationales, la criminalisation des mouvements sociaux, la dette, la violence faite aux femmes, pour la garantie et la conquête des droits, le contrôle des biens communs, la souveraineté alimentaire, la solidarité entre les peuples (quelques jours auparavant un coup d’Etat a renversé le président élu du Paraguay pour ramener ce pays dans le « droit chemin » –comprenez le giron des Etats-Unis) et jusqu’à une journée mondiale de grève !

Nous étions là parce que l’éducation, la recherche et la culture ont un rôle majeur à jouer dasn les défis que l’humanité et la planète doivent relever et que la situation exige une intervention solidaire et concertée à l’échelle mondiale. Nous étions là parce qu’il y va purement et simplement du caractère vivable ou non de notre vaisseau spatial « Terre », du lieu de vie que nous léguons à nos enfants. Notre participation s’est focalisée sur les initiatives syndicales, les droits humains, l’éducation, le désarmement. En particulier, en tant que partenaire du processus « forum mondial sciences de démocratie » nous sommes intervenus dans l’atelier « sciences et technologies pour la préservation de la terre et la justice sociale ».

Le temps le plus fort de la semaine fut la manifestation en centre ville qui rassembla plus de 50 000 personnes : haute en couleurs et en musiques bien sur (Brésil oblige) mais aussi en « punch » revendicatif. Mais pour conclure, ne nous voilons pas la face, alors que les puissants de ce monde sont défaillants sinon complices ou même acteurs de la dégradation de nos conditions de vie (certains conçoivent la lutte pour l’environnement comme un marché) la nécessaire résistance collective des peuples est trop faible. Chacun lutte de son côté quand les sales coups arrivent et sont perceptibles et perçus. Les moyens dont disposent les progressistes ne sont évidemment pas à la hauteur : ce Forum « des peuples », comme les précédents Forums sociaux a souffert de problèmes logistiques (traduction, silence, repas) mais surtout de la faiblesse de la représentation de certaines régions du globe (pour des raisons financières). Il importe que le mouvement social en général intervienne dans le débat politique pour imposer les mesures nécessaires à la justice sociale et environnementale comme la création d’agences de l’ONU fortes dotées de moyens prélevés par la taxation des transactions financières et la réduction des budgets militaires .

Jean-Paul Lainé, 30 août 2012

Liens utiles :
conference-rio2012.gouv.fr
declaration-finale-du-sommet-des-peuples-de-rio20