Pour une révision de la Recommandation de l’Unesco de 1974 favorable aux droits des travailleurs scientifiques

 Appel du Secrétariat international de la FMTS
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L’Unesco vient de lancer un « Appel à contributions pour une révision » de la Recommandation concernant la condition des chercheurs scientifiques qu’elle avait adoptée en 1974.

D’ici le 1er novembre 2014, des commentaires peuvent être adressés à l’Unesco qui les publiera. Une autre phase de cet Appel s’engagera en février 2015.

Cette Recommandation, à la rédaction de laquelle la FMTS contribua,avait été adoptée par l’Assemblée générale de 1974. Elle avait pour objet de conduire les États à « mettre les connaissances scientifiques et technologiques au service de l’amélioration du bien-être culturel et matériel de ses ressortissants ». Ses nombreuses préconisations ouvraient la voie à un développement scientifique important s’appuyant sur des garanties de financements appropriés, de conditions de travail permanentes et satisfaisantes pour les chercheurs ainsi que des droits pour ces derniers de participer à l’élaboration des politiques scientifiques.

Au cours des 40 années passées, cette recommandation a été reconnue et partiellement appliquée par de nombreux États, ce qui a conduit aujourd’hui à la place importante prise par les sciences dans les activités humaines.
Mais les politiques scientifiques des États s’écartent de plus en plus de cette recommandation. En suivant les principes de l’économie néolibérale, de la « compétitivité » et de la concurrence, de nombreux États et Organisations régionales ont impulsé une reconfiguration du développement scientifique dont de nombreux aspects deviennent généralisés :

  • Précarité de la situation des scientifiques, à commencer par les jeunes, et affaiblissement du potentiel humain de recherche publique et privée.
  • Réduction systématique des budgets de recherche et orientation des financements vers une finalisation commerciale des produits de la recherche, voire une mise au secret des résultats.
  • Focalisation de l’activité scientifique sur des objectifs réduits et à court terme afin d’optimiser le retour sur investissement.
  • Mise en cause des libertés académiques et intensification de la mise en concurrence des scientifiques.

Cette situation incite un nombre croissant de scientifiques, d’organisations et d’instances d’évaluation à alerter les pouvoirs publics et les citoyens sur les dangers de ces politiques qui conduisent à un appauvrissement de la créativité scientifique et des résultats de la recherche, à une déconsidération des scientifiques et qui favorisent la montée des obscurantismes dans une période traversée par la montée des inégalités et des conflits armés.

La société a intérêt à ce que la production des connaissances reste la première mission de la recherche scientifique. La société a intérêt également à ce que les choix de politique scientifique soient en adéquation avec les aspirations et les besoins des peuples, qu’elle contribue à la justice sociale, au développement humain, au développement soutenable et à la restauration de la paix. Cela implique tout à la fois le respect des libertés académiques et l’accès des populations aux connaissances scientifiques par le biais d’une éducation ouverte à tous, tout au long de la vie, d’une information démocratique et transparente, par le dialogue entre citoyens et travailleurs scientifiques, par la reconnaissance et la considération des métiers et des droits des travailleurs scientifiques.

Tels sont les enjeux de la révision de la Recommandation de 1974 à laquelle la FMTS et ses organisations affiliées consacreront tous leurs efforts pour faire valoir la science au service de l’Humanité. Les conditions faites aux travailleurs scientifiques sont indissociables des exigences éthiques que la société attend d’eux. Nous poursuivrons notre action pour le maintien des droits des travailleurs scientifiques au niveau où il doit être, droits d’ores et déjà largement formulés dans la Recommandation de 1974. Dans le même temps nous nous efforcerons de faire prendre en considération les enjeux apparus au cours des quarante années qui nous en séparent et notamment :

  • la nécessaire implication des citoyens dans la définition des grandes orientations des politiques scientifique,
  • les défis de la protection de l’environnement et de la survie de la planète,
  • la place des femmes dans la communauté scientifique à tous les niveaux de responsabilité,
  • la place de tous les peuples du monde dans la grande aventure du progrès de la science.