Introduction – session d’avril 2010 du conseil exécutif
Introduction–session d’avril 2010 du conseil exécutif, Jean-paul Lainé, le 14 avril 2010
Tout d’abord merci de votre participation à nos travaux ; merci aux membres élus, merci aux membres invités qui ont déjà été -ou qui seront dans le futur- membre du Conseil exécutif.
Dans cet exposé d’ouverture très court, précédent la description, l’analyse puis la critique de notre activité depuis la précédente session, je voudrais insister surtout sur le contexte et sur les lignes directrices de notre activité, lignes directrices quant aux moyens mis en œuvre et quant au contenu.
Le contexte général
La situation mondiale se caractérise par les points suivants : 6,5 milliards d’être humains avec une espérance de vie et une éducation croissantes, des richesses produites, des moyens de communication et d’échanges sans précédent et dans le même temps derrière ces « moyennes » positives des écarts croissants entre continents, entre peuples et au sein de chaque société.
Ajoutons que l’activité humaine devient telle qu’elle influe sue notre cadre de vie, qu’elle commence à épuiser les ressources de notre « vaisseau spatial » terre.
Ajoutons encore que cette activité se voue autant à des œuvres de mort qu’à des oeuvres de vie (sinon en volume du moins en détermination).
Ajoutons enfin que nos hommes politiques sont le plus souvent des politiciens plus soucieux de leur pouvoir, de leur luxe et donc de leur réélection que de la construction d’un avenir heureux, d’un avenir tout court pour nos descendants. Ils se complaisent à cultiver les vieux réflexes « tribaux », la peur de l’autre, l’émotion « médiatique » plutôt qu’à stimuler la réflexion, la pensée autonome et critique, la construction d’ambitions collectives, de projets de société.
Des scandales financiers, de la politique spectacle aux interventions néo-coloniales, de l’écrasement des pays pauvres sous la dette à l’humiliation des peuples et des individus : que d’injustices, que de souffrances !
La science, les scientifiques et la FMTS
La science est convoquée par le capitalisme d’aujourd’hui pour accroître les marchés et les profits, pour assurer la domination des puissants. Le maître mot pour la recherche est l’innovation au sens réducteur de l’innovation technologique avec ses retombées économiques ou militaires. L’acharnement des puissances financières à s’accroître en absorbant les plus faible contraint les entreprises à atteindre des taux de profit démentiels en mobilisant la science (entre autres moyens) sans tenir compte des exigences d’un développement durable.
Les néo-libéraux –on dit aussi les néo-conservateurs- considèrent que la science doit être « managée » comme toute activité industrielle ou commerciale. Les scientifiques ne doivent plus avoir des positions stables, sauf quelques « seniors » ; les jeunes notamment doivent vivre dans la précarité et dans la compétition comme des apprentis footballeurs.
Les politiques scientifiques devraient donc, selon eux, être élaborées et pilotées par les représentants du grand patronat et les grands commis et technocrates des ministères ou des organismes supranationaux.
Or dans de nombreux pays comme la France, nous avions une double direction dans l’enseignement supérieur et la recherche, on dirait une co-gestion : d’une part par des représentants de l’administration (Etat) et d’autre part par des représentants des personnels et des étudiants, des scientifiques. Nous pensons que ce système imaginé dans les années qui ont suivi la seconde guerre mondiale était un bon équilibre. J’observe que ceci fut obtenu à une époque d’intense mouvement social, d’exigences sociale et politique fortes et fut naturellement parallèle au développement de systèmes de retraites, de protection sociale et d’aide familiale. Le contexte de classes sociales et de partis bourgeois ayant failli face aux atrocités nazies et d’une Union soviétique auréolée de sa résistance et jouant un rôle de phare social y est sans doute pour beaucoup.
La volonté actuelle des dirigeants, leurs réformes imposées quasi semblables et simultanées dans tous les pays, voulant imposer le modèle américain, mais avec un dirigisme à l’européenne ou à la japonaise, n’est pas raisonnable. Cette gestion entrepreneuriale de la science est d’ailleurs cohérente avec une vision productiviste et utilitariste au sens étroit du terme laissant de côté des champs entiers de al connaissance, en particulier la majeure partie des sciences humaines et sociales. L’ambition n’est plus de développer les savoirs pour mieux les partager, l’ambition n’est plus de répondre aux besoins humains.
Il est indispensable que subsiste une logique interne de développement de la science liée à la curiosité et à la créativité qui seules permettent les véritables avancées, les ruptures épistémologiques ou les nouveaux paradigmes comme on dit aujourd’hui.
Mais nous pensons aussi que la science est maintenant tellement au coeur de nos sociétés et de nos vies quotidiennes qu’il faut introduire une nouvelle dimension démocratique : faire débattre la population, les citoyens pour leur permettre de « peser » sur les choix et faire donc dialoguer scientifiques et citoyens.
C’est sur cette base que la FMTS s’est jointe au processus des Forums sociaux et notamment le dernier-né le Forum Mondial sciences et démocratie. Notre richesse à la fois syndicale et associative dans la science, notre proximité de centrales syndicales englobant le monde ouvrier nous donne des atouts pour y jouer un rôle important.
Mais en cohérence avec les points cités comme avec notre pratique de toujours, nous devons continuer notre engagement pour la qualité du statut, des revenus, des conditions de travail des scientifiques en relation et en complément de l’activité syndicale, nous devons donc développer notre activité « jeunes chercheurs », « drainage des cerveaux », les jeunes, les jeunes filles et la science. Nous devons également prendre des initiatives dans nos champs traditionnels : le désarmement et la paix, l’environnement, l’eau, l’énergie, le climat, les questions éthiques.
Cette semaine, après ce Conseil nous allons entamer les « travaux pratiques » avec le séminaire sur l’énergie et la session de notre commission « désarmement ».
Auparavant, d’ici demain midi nous devons définir nos priorités, priorités quant aux thèmes et aux activités et aussi priorités dans nos outils et notre organisation. Sans rentrer précisément dans le débat sur l’activité, je voudrais souligner deux points qui figuraient dans le plan d’action adopté par notre assemblée générale de l’an passé.
Ce sont des points positifs mais qui soulignent la nécessité évoquée aussi il y a un an de faire que la FMTS travaille beaucoup plus collectivement :
– le secrétariat parisien s’est réuni régulièrement : il faut peut-être songer à en diffuser les comptes-rendus à tous les membres du CE pour que ceux-ci soient engagés dans la mise en œuvre des décisions
– la lettre de la Fédération a bien été crée et diffusée très largement : il faut maintenant qu’elle soit plus régulière et qu’elle permette de témoigner des centres d’intérêt, des activités des organisations affiliées également.
Je vous souhaite de bons et fructueux travaux