Temps difficiles
DANS UN MONDE DÉCHIRÉ PAR LA GUERRE
LA ROUTE VERS UN AVENIR INCERTAIN
Frederico Carvalho* et Mehdi Lahlou**
96e Réunion du Conseil Exécutif de la Fédération Mondiale des Travailleurs Scientifiques
Beijing, République Populaire de China, 11-17 Août 2024
Contribution au débat au sein du
Groupe de Travail 1 : “Paix, Développement et Coopération”
Comme l’a récemment souligné Dan Smith, directeur du SIPRI, le célèbre Institut suédois de recherche internationale sur la paix (cf. Annuaire SIPRI 2024) : « Nous sommes maintenant dans l’une des périodes les plus dangereuses de l’histoire de l’humanité. Les sources d’instabilité sont nombreuses : rivalités politiques, inégalités économiques, perturbations écologiques, accélération de la course aux armements. L’abîme nous fait signe et il est temps pour les grandes puissances de prendre du recul et de réfléchir. De préférence ensemble.‘ [i]
Le risque d’une éventuelle explosion d’une guerre nucléaire totale n’est pas exclu, avec des conséquences potentielles désastreuses pour la durabilité de la vie sur Terre, à l’exception peut-être des formes de vie les plus primitives. Il est important que les scientifiques, en particulier, s’engagent librement et sérieusement dans un débat sur la probabilité d’une telle catastrophe qui n’est – heureusement – pas inévitable, afin de démonter les racines/motifs de la menace et de contribuer à une analyse approfondie des mesures qui doivent être prises pour l’éviter.
En 2023, des conflits armés ont été actifs dans différentes parties du monde. On estime à plus de 50 le nombre d’États concernés. Les guerres violentes, qui font rage, dans certains cas depuis des décennies, sont une conséquence particulièrement grave des déplacements forcés de populations. Sur le continent africain, les guerres au Soudan et en République démocratique du Congo, les déplacements forcés accumulés depuis deux décennies dépassent les 14 millions de personnes[ii]. À Gaza, environ 2 millions de personnes ont été déplacées de force au cours des 9 derniers mois (au 7 juillet 2024), alors que plus dizaines de milliers ont été tuées et bien davantage ont été blessées.
Face aux menaces imminentes, il est obligatoire de souligner, qu’à notre époque, le changement climatique, qui intervient dans différents scénarios – réchauffement des masses continentales, réchauffement des océans, fonte des glaciers, etc. – est, aujourd’hui, l’une des principales causes d’instabilité sociopolitique. C’est une source de conflits et une cause, comme les guerres, de déplacements forcés, de privations et de décès prématurés. Mais, même en l’absence d’un conflit réel, la contribution des armées aux émissions de gaz à effet de serre représente une fraction non négligeable du total. Lors de l’évaluation de l’empreinte carbone des armées, il faut prendre en compte, outre les émissions résultant de l’utilisation directe d’équipements militaires sur un théâtre de guerre, les émissions liées à l’entretien et à l’exploitation courants des bases militaires ; les émissions de carbone de l’industrie de l’armement qui produit les équipements militaires, ainsi que celles liées à l’extraction des matières premières utilisées par cette même industrie. Et, enfin et surtout, les émissions résultant des travaux de reconstruction d’un grand nombre d’édifices et d’installations civils détruites par les guerres.[iii]
La question de l’incompatibilité de la guerre sous ses diverses formes avec le succès des efforts d’atténuation du changement climatique mérite notre attention. Le succès dépend de la coopération. Il ne peut pas être le résultat de mesures isolées prises par des puissances individuelles. Il en va de même pour les efforts de consolidation de la paix.
Dans le cadre géopolitique actuel, il existe un grave danger que les conflits en cours évoluent vers des affrontements incontrôlables.
On s’attend à ce que les travailleurs scientifiques soient en mesure d’examiner, avec un esprit serein et dans une perspective non partisane, les raisons de l’aggravation des menaces interconnectées auxquelles l’humanité est actuellement confrontée. À notre avis, une chose est certaine : suivre la voie définie par la poursuite du « business as usual » – ce qui inclut la guerre – est en soi une menace existentielle pour l’humanité. La survie dépendra de changements sociétaux radicaux, de l’abolition de la guerre, de l’établissement de la paix.
LA POSITION OFFICIELLE DES PUISSANCES DOTEES SUR L’UTILISATION DES ARMES NUCLÉAIRES
Lorsqu’on envisage la possibilité d’une conflagration nucléaire, la question de la soi-disant « posture nucléaire » des puissances dotées mérite l’attention. On se souvient de la première déclaration faite par les présidents américain et soviétique, Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev, lors de leur rencontre à Genève en 1985 : « Une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée ». Bien que les relations entre les deux principales superpuissances militaires se soient considérablement détériorées au cours des décennies suivantes, curieusement, la même position a été exprimée en 2022 par les dirigeants des cinq États dotés d’armes nucléaires membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU dans une déclaration commune sur la prévention de la guerre nucléaire et de la course aux armements. Toutefois, de toute évidence, une telle déclaration ne doit pas être prise au pied de la lettre.
Des cinq puissances, la République populaire de Chine (RPC) est la seule à s’être engagée à ne jamais être la première à utiliser des armes nucléaires et a exhorté les autres États dotés à prendre le même engagement en proposant qu’ils négocient un ‘’traité de non-utilisation en premier’’, une position adoptée depuis que la RPC a procédé à son premier essai nucléaire en 1964 [iv]. Cela a été réaffirmé au mois de mars 2023 dans une déclaration faite lors d’une réunion [v] du Conseil de sécurité par le représentant de la RPC dans laquelle il a appelé à l’élimination progressive et complète des armes nucléaires et à l’abolition des accords de partage nucléaire, ainsi qu’au retrait de toutes ces armes déployées dans des pays étrangers[vi].
La position des quatre autres membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU est celle du refus du principe de ‘’non-utilisation en premier’’.
Dans la Nuclear Posture Review 2022 des États-Unis[vii], récemment rendue publique, on peut lire ce qui suit, sous la rubrique Politique déclaratoire (p. 9) (c’est nous qui soulignons) : « Les États-Unis n’envisageraient l’utilisation d’armes nucléaires que dans des circonstances extrêmes pour défendre leurs intérêts vitaux ou ceux de leurs alliés et partenaires. Les États-Unis n’utiliseront pas ou ne menaceront pas d’utiliser des armes nucléaires contre des États non dotés d’armes nucléaires qui sont parties au Traité sur la non-prolifération (TNP) et qui respectent leurs obligations en matière de non-prolifération nucléaire ». Ajoutant que : « Pour tous les autres États, il reste un éventail étroit de contingences dans lesquelles les armes nucléaires américaines peuvent encore jouer un rôle dans la dissuasion des attaques qui ont un effet stratégique contre les États-Unis ou leurs alliés et partenaires. La politique déclaratoire s’appuie sur la menace, les perceptions évaluées de l’adversaire, les points de vue des Alliés et des partenaires, ainsi que nos objectifs stratégiques de réduction des risques ». En outre, le même document indique, qu’à la suite d’un examen approfondi de l’option des politiques de « non-utilisation en premier et de politique à but unique », il a été conclu « que ces approches entraîneraient un niveau de risque inacceptable compte tenu de l’éventail de capacités non nucléaires développées et déployées par des concurrents qui pourraient infliger des dommages de niveau stratégique aux États-Unis et à leurs alliés et partenaires », constatant enfin que : « Certains Alliés et partenaires sont particulièrement vulnérables aux attaques par des moyens non nucléaires qui pourraient produire des effets dévastateurs. » Ainsi, les représailles à l’aide d’armes nucléaires ne sont pas exclues, même en cas d’attaques non nucléaires contre les États-Unis, leurs alliés et partenaires.
Plaidant en faveur de l’option de non-utilisation en premier, l’Union of Concerned Scientists – une organisation américaine à but non lucratif bien connue – écrit : « Sans non-utilisation en premier, le public américain est plus exposé au risque d’une attaque dévastatrice, soit parce qu’un autre pays – craignant que les États-Unis n’utilisent des armes nucléaires – décide d’intensifier en premier ses attaques, soit parce que les États-Unis choisissent de déclencher une guerre nucléaire conduisant à des représailles cataclysmiques ». C’est tout simplement du bon sens.
Dans le cas de la Fédération de Russie, l’utilisation en premier d’armes nucléaires n’est pas exclue chaque fois qu’une menace existentielle pour la patrie est perçue indépendamment de la nature de l’attaque finale, qu’elle soit nucléaire ou non nucléaire.
Dans ce sens, la position russe se lit comme suit :
Dans le cadre de la mise en œuvre de mesures de dissuasion stratégique de nature énergique, la Fédération de Russie envisage l’utilisation d’armes de haute précision.
La Fédération de Russie se réserve le droit d’utiliser des armes nucléaires en réponse à l’utilisation d’armes nucléaires et d’autres types d’armes de destruction massive contre elle et (ou) ses alliés, ainsi qu’en cas d’agression contre la Fédération de Russie à l’aide d’armes conventionnelles, lorsque l’existence même de l’État est menacée.
La décision d’utiliser des armes nucléaires est prise par le président de la Fédération de Russie ».[viii]
A ce propos, la tendance à la surenchère guerrière demeure forte. C’est dans ce sens qu’il faut lire la décision prise le 10 juin 2024 – parallèlement aux festivités organisées à Washington, marquant le 75ième anniversaire de la création de l’OTAN – de déployer des missiles américains à longue portée en Allemagne, annoncée le 10 juin 2024. Laquelle décision a rapidement fait réagir les autorités en Russie, qui ont estimé qu’elle pourrait faire des capitales européennes des cibles pour les missiles russes et les victimes d’une confrontation entre Washington et Moscou.
Ainsi, pour le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dans une déclaration du 13 juin 2024, « L’Europe est une cible pour nos missiles, notre pays est une cible pour les missiles américains en Europe. Nous avons déjà connu cela[ix], nous l’avons traversé. Nous avons la capacité de contenir ces missiles, mais les victimes potentielles sont les capitales de ces pays européens »[x].
La position officielle du Royaume-Uni est que sa dissuasion nucléaire « est indépendante sur le plan opérationnel, et le Royaume-Uni n’a pas besoin de l’autorisation des États-Unis ou de l’OTAN pour l’utiliser », ajoutant néanmoins qu’il « soutient la sécurité collective par le biais de l’OTAN pour la zone euro-atlantique ».
Le Royaume-Uni (citation) « maintient délibérément une certaine ambiguïté sur le moment précis, la manière et à quelle échelle il envisagerait l’utilisation de son dispositif de dissuasion nucléaire »,[xi] laissant ainsi un agresseur potentiel deviner dans quelles circonstances le Royaume-Uni pourrait envisager l’utilisation de ses capacités nucléaires. Le Royaume-Uni ne définit pas ce qu’il considère comme ses intérêts vitaux, c’est pourquoi il « n’exclura pas l’utilisation en premier d’armes nucléaires ».
En ce qui concerne le recours à l’arme nucléaire, la position de la France coïncide essentiellement avec celle du Royaume-Uni.
La posture nucléaire des puissances nucléaires non membres du Conseil de sécurité de l’ONU est également intéressante.
Le cas de la doctrine nucléaire de l’Inde mérite qu’on s’y attarde en raison du fait qu’après avoir promis à l’origine de « non-utilisation en premier » comme principe cardinal (1993), dans la version de 2003, un qualificatif important a été adopté selon lequel « l’Inde envisagera l’utilisation d’armes nucléaires en réponse à une « attaque majeure » contre le pays ou contre les forces indiennes où qu’elles se trouvent, dotées d’armes chimiques ou biologiques“. Une telle posture signifie que l’Inde pourrait utiliser des armes nucléaires non seulement contre des États non nucléaires, mais aussi – contrairement au principe de non-utilisation en premier – contre toute puissance nucléaire qui déciderait d’utiliser des armes chimiques ou biologiques contre elle[xii].
Le Pakistan, voisin de l’Inde dans le sous-continent asiatique, a décidé également de ne pas approuver une politique de non-utilisation en premier. La doctrine nucléaire officiellement non déclarée du pays tend à évoluer afin de répondre aux défis et aux contraintes imposés par les relations interétatiques dans la région.
Bien que le Pakistan et l’Inde soient des puissances nucléaires mineures, dans le cas d’un échange nucléaire limité impliquant, par exemple, une ogive équivalente à 100 15 kt de TNT pourrait entraîner un nombre de près de 30 millions de morts directes et déclencher un effet d’hiver nucléaire qui pourrait entraîner environ 225 millions de décès supplémentaires dus à la famine [xiii]
Le cas d’Israël, une puissance nucléaire non déclarée, mérite également d’être pris en considération. C’est un cas particulier. Israël a adopté ce que l’on pourrait apparemment décrire comme une « option suicidaire » en ce qui concerne l’utilisation éventuelle de ses armes nucléaires. C’est ce qu’on appelle l’option Samson : la stratégie de dissuasion d’Israël consistant à des représailles massives avec des armes nucléaires en « dernier recours » contre un pays dont l’armée a envahi et/ou détruit une grande partie d’Israël (c’est nous qui soulignons).
Compte tenu de la situation actuelle au Moyen-Orient, il est tout à fait improbable qu’Israël recourt à l’option Sampson[xiv]. Dans le sens opposé, Amihai Eliyahu, un membre de droite du gouvernement de coalition du premier ministre Netanyahu, a suggéré, au début de la guerre sur Gaza, qu’« une façon » d’éliminer le Hamas serait le recours à l’option nucléaire.
Eliyahu a été suspendu, un acte qui avait probablement à voir davantage avec son aveu par inadvertance de l’existence des capacités nucléaires d’Israël. [xv].
La doctrine nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord), établie dans une loi de 2013, stipulait que la Corée du Nord pourrait utiliser des armes nucléaires pour repousser une invasion ou une attaque d’un État nucléaire hostile et mener des frappes de représailles. Une révision de la loi en 2022 va au-delà pour autoriser des frappes nucléaires préventives au cas où la Corée du Nord détecterait une attaque imminente par des armes de destruction massive de quelque nature que ce soit visant ses dirigeants et l’organisation du commandement de ses forces nucléaires. Parmi les scénarios qui pourraient conduire à déclencher une attaque nucléaire, il y aurait la menace d’une frappe nucléaire imminente ; si les dirigeants, le peuple ou l’existence du pays étaient menacés ; ou pour prendre le dessus pendant une guerre[xvi].
Il s’agit d’une référence apparente à la stratégie de la Corée du Sud « Kill Chain », qui appelle à frapper de manière préventive l’infrastructure nucléaire et le système de commandement de la Corée du Nord, si une attaque imminente est suspectée[xvii].
LA FIN DES ACCORDS D’ARMEMENT ET UNE NOUVELLE COURSE AUX ARMEMENTS
Pendant la période de la « guerre froide », des accords ont été possibles entre les deux plus grandes puissances nucléaires, les Etats-Unis d’Amérique et l’Union Soviétique, ce qui a débouché sur des accords bilatéraux dans le domaine nucléaire. De tels accords ont donné corps à la politique dite de « dissuasion nucléaire » qui rend, potentiellement, peu probable l’éclatement d’un conflit nucléaire délibéré.
Dans la période de l’après-guerre froide, la situation a évolué, contrairement à ce que l’on pouvait espérer, dans une direction qui n’est pas tout à fait favorable à la paix.
Après la réunification de l’Allemagne et la fin de la République démocratique allemande en 1990, dont l’acceptation par les dirigeants soviétiques était basée sur la promesse américaine de ne pas étendre l’OTAN à l’est, il y a eu une évolution dans la direction opposée [xviii]. Depuis lors, et jusqu’à aujourd’hui, l’OTAN a doublé le nombre de ses membres, qui est passé de 16 à 32 (avec inclusion récente d’anciens pays neutres, la Suède et la Finlande).
Au cours de ce siècle, les États-Unis d’Amérique ont dénoncé deux traités bilatéraux importants qu’ils avaient signés et ratifiés. C’est ce qui s’est passé avec le Traité sur les missiles antimissiles balistiques (ABM) de 1972, dénoncé par les USA en 2002. En 2020, les États-Unis se sont aussi retirés du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), signé vingt ans plus tôt par les présidents Reagan et Gorbatchev. Dans ce contexte, il est intéressant de mentionner le traité international sur l’interdiction totale des essais nucléaires qui inclut l’interdiction des essais souterrains. Le Traité, ouvert à la signature en 1996, n’est pas encore entré en vigueur. Seuls trois des États dotés d’armes nucléaires – la Fédération de Russie, la France et le Royaume-Uni – l’ont ratifié. En 2023, alors que la guerre était déjà en cours en Europe de l’Est, la Russie a décidé de retirer sa ratification, invoquant la non-ratification par les États-Unis. Cependant, elle s’est engagée à ne pas procéder à de nouveaux essais nucléaires si les Américains ne le faisaient pas de leur côté.
Le nombre de têtes nucléaires en condition d’utilisation immédiate ou stockés dans les arsenaux des deux plus grandes puissances nucléaires a atteint des chiffres astronomiques au cours du dernier quart du XXe siècle, même après la chute du Mur de Berlin et la fin de l’Union soviétique. On parle de ce que l’on appelle les « ogives nucléaires » à lancer par des missiles protégés dans des silos souterrains, par des sous-marins ou par des avions bombardiers stratégiques. Les chiffres sont proprement stupéfiants, quand on sait qu’une très petite fraction de ces bombes, si elle était utilisée, suffirait à mettre fin à la vie sur Terre. Ensemble, en 1990, ces arsenaux contenaient environ 50 000 ogives nucléaires opérationnelles. Dans les années qui ont suivi la dissolution de l’URSS, il y a eu une baisse substantielle de ce nombre qui, au milieu de la première décennie de notre siècle, s’élevait à environ 10.000.
En 2010 (le 8 avril 2010), Barack Obama et Dmitri Medvedev ont signé à Prague le « nouveau traité de réduction des armes stratégiques » (NEW START ou START 3), qui fixe pour chacune des deux puissances nucléaires le nombre maximum de 1550 ogives nucléaires dans le soi-disant « état d’alerte » ou « statut de lancement en état d’alerte ». Un cataclysme nucléaire reste possible, mais désormais dans des conditions beaucoup plus « économiques ».[xix] Cela permet de détourner des fonds pour investir dans de meilleures armes nucléaires, et aussi dans le développement d’autres types d’armes.
C’est ce qui se passe actuellement : une nouvelle course aux armements nucléaires est lancée.
Même si, en 2021 la durée du traité a été prolongée de 5 ans, soit jusqu’en février 2026, son avenir est incertain. La « guerre chaude » actuelle qui oppose, sur le terrain, l’OTAN dirigée par les États-Unis, à la Fédération de Russie, ne semble pas compatible avec le respect de l’accord conclu. Un signe en est l’annonce par la Russie, le 22 février 2023, de la suspension de sa participation au traité. Le président Vladimir Poutine a déclaré à l’époque qu’il ne s’agissait pas d’un retrait du seul accord de contrôle des armements avec les États-Unis qui existe encore, mais simplement du refus des inspections sur place par les parties, inspections prévues par le traité.
Pendant ce temps, les États-Unis ont prévu pour les 30 prochaines années de dépenser environ 2000 milliards de dollars dans la « modernisation » de leur triade nucléaire, missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) basés à terre, missiles balistiques lancés par sous-marins (SLBM) et bombardiers stratégiques avec bombes et missiles nucléaires. Plus généralement, on sait que les Etats qui possèdent actuellement des armes nucléaires élargissent ou modernisent leurs arsenaux respectifs impliquant la mise au point de bombes et de vecteurs de lancement.
Cela signifie des profits fabuleux pour les grandes entreprises privées de l’industrie de l’armement. Les dépenses militaires mondiales, qui n’ont cessé de croître depuis 2014, représentent aujourd’hui environ le double de leur montant de 2001, atteignant (en prix courants) en 2023, la valeur de 2,4 trillions de dollars américains [xx]
Certains considèrent que la voie suivie a considérablement abaissé ce que l’on appelle le « seuil nucléaire ». Nous pensons cependant qu’il y a de fortes chances qu’une guerre nucléaire mondiale n’ait pas lieu. En fait, il est possible de prétendre qu’un certain « équilibre stratégique » soit maintenu, mais seulement si un joueur se donne pour tâche d’infliger une défaite stratégique à l’ennemi aux mains d’un État-client et s’attend à ce que l’ennemi n’ose pas utiliser d’armes nucléaires.
Toutefois, comme l’ont souligné plusieurs observateurs qualifiés, il ne faut pas exclure la possibilité qu’un éventuel conflit nucléaire aux proportions catastrophiques puisse être la conséquence d’un tir accidentel et non délibéré, résultant d’une erreur dans l’évaluation d’un phénomène naturel ou du dysfonctionnement d’un système suggérant qu’une attaque ennemie est imminente ou, tout simplement, d’une décision malavisée (vu, notamment, l’âge des deux candidats à l’élection présidentielle américaine du mois de novembre 2024). L’histoire enregistre d’innombrables cas où le monde a été, pour de telles raisons, au bord du désastre. Aujourd’hui, la situation est plus grave en raison de l’abandon des canaux de communication dédiés entre les États-Unis et la Fédération de Russie [xxi].
Quoi qu’il en soit, les experts militaires comprennent que l’utilité de tout type d’armes nucléaires pour atteindre des objectifs militaires sur un théâtre de guerre, que ce soit en Ukraine ou à Gaza, par exemple, est très douteuse.
MENACES DÉCOULANT DU DÉVELOPPEMENT DE « TECHNOLOGIES DE RUPTURE »
La guerre et l’agression sous leurs multiples formes tirent aujourd’hui parti des moyens technologiques sophistiqués que les progrès de la connaissance scientifique ont rendu possibles. À l’arme nucléaire, créée il y a 80 ans, s’ajoutent d’autres technologies dites « disruptives », avec un développement rapide au cours de ce siècle. Des exemples incluent : dans le domaine des sciences de la vie, ce que l’on appelle le génie génétique impliquant des techniques d’édition de gènes ; dans le domaine des technologies de l’information et de la cybernétique, les systèmes d’armes létales autonomes ou les robots militaires, en mettant l’accent sur les applications militaires de ce que l’on appelle « l’intelligence artificielle » (l’IA) ; et aussi les armes à énergie dirigée (DEW) – des lasers à haute énergie ou des systèmes à micro-ondes de haute puissance souvent appelés armes à radiofréquence. Certaines DEW ont déjà été déployées sur le terrain tandis que d’autres sont en cours d’essai. En fait, des recherches sont menées dans de nombreux pays dans ce domaine. Selon certaines sources, le ministère américain de la Défense a investi ces dernières années plus de 1.000 millions de dollars par an dans les technologies DEW[xxii]. David C. Stoudt (voir réf xx) souligne que « les systèmes autonomes et activés par l’IA sont de plus en plus vulnérables aux armes laser et micro-ondes à énergie dirigée, car ils reposent sur des capteurs optiques et radiofréquences ». Selon la même source, « les armes à micro-ondes d’aujourd’hui sont maintenant utilisées pour vaincre des essaims de drones armés, les faisant tomber du ciel en maîtrisant et en perturbant leur électronique interne ».[xxiii]
Les progrès rapides dans le domaine de l’IA sont également une source de préoccupation. Un certain nombre de scientifiques de renom ont publiquement attiré l’attention sur les dangers d’un développement non régulé des progrès de l’IA. Contrairement à ce qui s’est passé historiquement avec les développements dans le domaine nucléaire, dans le monde occidental, les actifs de recherche, de développement et d’innovation en IA sont entre des mains privées et sont donc entièrement dépendants des intérêts du grand capital. Ce fait rend plus difficile l’établissement de réglementations et la mise en œuvre de mécanismes de régulation indépendants et efficaces.
En ce qui concerne les applications militaires de l’IA, dans un certain nombre de pays parmi les plus scientifiquement et techniquement avancés du monde, une course aux armements de l’IA est en cours. Dans certains endroits où des conflits ont lieu, des systèmes ou des équipements basés sur l’IA sont déjà en service. C’est le cas, en particulier, des conflits tragiques en cours en Europe de l’Est et au Moyen Orient, en Palestine notamment.
Outre les armes létales autonomes de différents types, les techniques de surveillance de masse, y compris les systèmes de reconnaissance faciale, méritent une attention particulière. Une branche spécialisée des Forces de défense israéliennes (FDI) qui porte le nom de « division de l’administration des cibles » a été formée en 2019 au sein de la direction du renseignement de Tsahal. Deux systèmes basés sur l’IA, appelés « l’Évangile » et « Lavande » ont été utilisés dans la guerre contre le Hamas pour « désigner des cibles à un rythme rapide ». Les cibles peuvent aussi bien être des individus que des structures, y compris des maisons privées [xxiv].
De nos jours, la guerre prend de multiples formes, impliquant des moyens militaires et non militaires. On parle de guerre hybride. La guerre hybride menée par des blocs antagonistes utilise divers instruments et suit de nouvelles voies ouvertes par la technologie. Les cyberattaques qui perturbent les infrastructures vitales ; la diffusion d’informations manifestement fausses ou simplement trompeuses ; les sanctions économiques, en sont quelques exemples.
War is a main cause of famine and starvation as a weapon of war is sometimes used.
La guerre est l’une des principales causes du manque de nourriture et la famine est parfois utilisée comme arme de guerre. Nous connaissons ainsi des exemples anciens et continus de tels comportements inhumains[xxv], comme nous constatons ce qui se passe à ce propos à Gaza depuis la fin de l’année 2023.
LE RÔLE DES TRAVAILLEURS SCIENTIFIQUES
Dans une déclaration rendue publique en janvier 2024 par son Secrétariat international, la FMTS a appelé à « une coopération dynamique au sein de la communauté mondiale des chercheurs scientifiques afin de relever efficacement les grands défis de l’humanité, y compris les catastrophes récurrentes causées par le changement climatique, ainsi que la menace de guerres généralisées ». Profitant de leur formation particulière et de leurs compétences multidisciplinaires, les scientifiques au niveau mondial ont le devoir¾, ajoute le communiqué, ¾ « d’influencer les décideurs et d’alerter (leurs) concitoyens sur la nature et les implications pour notre avenir commun des dangers de continuer à suivre le chemin tracé par les puissances dominantes d’aujourd’hui”. Ce n’est pas une tâche facile, celle qui nécessite un effort pour s’organiser et obtenir le soutien des associations de travailleurs scientifiques et à l’intérieur.
Cela ne peut se faire sans approfondir le débat au sein des organisations scientifiques sur l’importance relative de la nature des menaces dans le cadre géopolitique actuel ; leurs racines et les raisons de leur aggravation, ainsi que les risques que les conflits en cours évoluent vers des affrontements incontrôlables.
Dans ce contexte, le changement climatique au niveau mondial, avec des répercussions directes sur les équilibres géopolitiques, au cœur du dilemme guerre-paix, peut être considéré par beaucoup comme la menace existentielle la plus grave à laquelle l’humanité est confrontée aujourd’hui : l’augmentation de la fréquence des phénomènes climatiques d’intensité anormale, imputables aux activités humaines, avec des pertes de plus en plus importantes en vies humaines et de grands dégâts matériels. Cela mérite de faire l’objet d’un large débat.
À notre avis, ni la guerre ni le changement climatique, que certains cherchent à dépeindre comme une conséquence inéluctable du développement scientifique et technologique, ne peuvent être combattus avec succès dans le cadre d’une mondialisation impérialiste basée sur le dictat du grand capital.
Beijing, le12 Août 2024
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*Frederico Carvalho, Docteur en Physique par l’Université de Lisbonne et Dr. Ing., Génie Nucléaire, Université de Karlsruhe, Allemagne, est Directeur de Recherche (retraité) au Dép. de Sciences et Génie Nucléaire, Instituto Superior Técnico, Université de Lisbonne. Il préside à la direction de OTC-Organização dos Trabalhadores Científicos, Portugal, est Vice-Président du Conseil Exécutif de la Fédération Mondiale des Travailleurs Scientifiques et membre de son Secrétariat International.
**Mehdi Lahlou é professeur d’Economie à l’Institut National de Statistique et Economie Appliquée (INSEA), Rabat, Maroc, te professeur associé à l’Université Mohammed V (Rabat). Il est membre du Conseil Exécutif et du Secrétariat International de la Fedération Mondiale des Travailleurs Scientifiques.
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Composition graphique : OTC, Portugal
Version portugaise : https://otc.pt/wp/2024/12/08/tempos-dificeis/
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[i] https://www.sipri.org/media/press-release/2024/role-nuclear-weapons-grows-geopolitical-relations-deteriorate-new-sipri-yearbook-out-now
[ii] Dan Smith, Annuaire SIPRI 2024, Introduction
[iii] Voir « Comment la guerre contribue-t-elle au changement climatique ? », CEOBS-Observatoire des conflits et de l’environnement, 14 juin 2021 Observatoire des conflits et de l’environnement (https://ceobs.org/how-does-war-contribute-to-climate-change/ ) ; « L’empreinte carbone de l’armée », Stuart Parkinson, Responsible Science Journal nº2, 8 janvier 2020 (mis à jour en 2022) (https://www.sgr.org.uk/resources/carbon-boot-print-military-0 ; « Risques existentiels : « Le cas des interactions guerre-climat », Frederico Carvalho, 94e réunion du Conseil exécutif de la FMS, Évora (Portugal) 2-7 juillet 2023 (https://otc.pt/wp/wp-content/uploads/2023/07/EC94-12ENWG1EXISTENTIAL-RISKS-THE-CASE-OF-WAR-CLIMATE-INTERACTIONS.pdf9
[iv] https://www.fmprc.gov.cn/eng/ziliao_665539/3602_665543/3604_665547/200011/t20001117_697877.html
[v] https://press.un.org/en/2023/sc15250.doc.htm
[vi] Le partage nucléaire signifie le stationnement d’armes nucléaires dans des pays étrangers. Les accords sur le partage nucléaire entre les États-Unis et plusieurs pays de l’OTAN sont en vigueur depuis plusieurs décennies. À l’heure actuelle, les États-Unis gardent environ 100 bombes à gravité thermonucléaires B61 stationnées dans des bases militaires dans quatre pays membres de l’UE (Belgique, Allemagne, Italie (2 bases), Pays-Bas) et en Turquie. Les B61 sont des bombes à rendement réglable avec des rendements explosifs sélectionnables de 0,3, 5, 10 ou 80 kilotonnes. Récemment (avril 2024), la Pologne a manifesté son intérêt pour l’accueil d’armes nucléaires américaines dans le cadre d’un accord de partage nucléaire. Les bombes B61 peuvent être utilisées à la fois comme armes tactiques ou stratégiques. Récemment, la Fédération de Russie a déployé un certain nombre d’armes nucléaires tactiques en Biélorussie, une décision décrite par plusieurs observateurs comme une conséquence du conflit actuel en Europe de l’Est, considérée comme une guerre par procuration entre les États-Unis et la Russie sur le sol ukrainien.(https://en.wikipedia.org/wiki/Tactical_nuclear_weapon)
[vii] https://fas.org/wp-content/uploads/2023/07/2022-Nuclear-Posture-Review.pdf
[viii] « Doctrine militaire de la Fédération de Russie » https://web.archive.org/web/20110504070127/http://www.scrf.gov.ru/documents/33.html
[ix] Cette déclaration semble faire référence à ce qu’on appelle la « crise des Pershing », lorsqu’une réunion spéciale des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l’OTAN, tenue à Bruxelles le 12 décembre 1979, décida le déploiement en Europe – en République fédérale d’Allemagne, en Italie, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Belgique – de systèmes américains de lancement au sol comprenant 108 lanceurs Pershing II, qui remplaceraient les Pershing I-A américains existants, et 464 missiles de croisière lancés au sol (GLCM). German History (Histoire allemande), https://germanhistorydocs.org/en/two-germanies-1961-1989/nato-s-dual-track-decision-december-12-1979
[x] Voir LeMonde.fr, 14 juillet 2024. https://www.lemonde.fr/international/live/2024/07/13/en-direct-guerre-en-ukraine-la-russie-revendique-la-prise-du-village-d-ourojaine-qui-avait-ete-reconquis-par-kiev-en-aout-2023_6247419_3210.html
[xi] https://www.gov.uk/government/publications/2010-to-2015-government-policy-uk-nuclear-deterrent/2010-to-2015-government-policy-uk-nuclear-deterrent
[xii] « La politique nucléaire de l’Inde », Rajesh Rajagopalan, https://www.nids.mod.go.jp/english/event/symposium/pdf/2009/e_06.pdf
[xiii] Frederico Carvalho, « Risques existentiels : le cas des interactions guerre-climat », 94e réunion du Conseil exécutif de la WFSW, Évora (Portugal) 2-7 juillet 2023 (https://otc.pt/wp/2024/06/29/war-climate-interactions/ )
[xiv] Le nom est une référence au juge israélite biblique Samson qui a écarté les piliers d’un temple philistin, faisant tomber le toit et se tuant lui-même et des milliers de Philistins qui l’avaient capturé. [3] [4]
[xv] En Israël, le débat public sur la politique en matière d’armes nucléaires est soumis à la censure. Aux États-Unis, un décret secret interdit depuis longtemps aux responsables américains de reconnaître qu’Israël possède des armes nucléaires et menace les employés actuels et passés du gouvernement de mesures disciplinaires, y compris le licenciement, s’ils le font.
https://thebulletin.org/2024/07/nuclear-danger-is-growing-physicists-of-the-world-unite/
L’admission devrait en principe mettre fin de facto au soutien militaire américain à Israël dans le cadre du Traité de non-prolifération nucléaire.
[xvi] https://www.reuters.com/world/asia-pacific/nkorea-passes-law-declaring-itself-nuclear-weapons-state-kcna-2022-09-08/
[xvii] L’objectif de la stratégie de la « chaîne de destruction » a été décrit aux médias sud-coréens par des sources militaires anonymes, qui s’exprimaient probablement avec autorisation, avec suffisamment de détails pour décrire son objectif stratégique : « Chaque district de Pyongyang, en particulier là où les dirigeants nord-coréens sont peut-être cachés, sera complètement détruit par des missiles balistiques et des obus explosifs dès que le Nord montrera des signes d’utilisation d’une arme nucléaire. En d’autres termes, la capitale du Nord sera réduite en cendres et retirée de la carte. https://carnegieendowment.org/posts/2022/08/south-koreas-decapitation-strategy-against-north-korea-has-more-risks-than-benefits?lang=en
[xviii] À cet égard, nous citons un passage d’un article d’opinion publié dans le Los Angeles Times en mai 2016, intitulé : « La Russie a raison : les États-Unis ont rompu une promesse de l’OTAN » : « Au début de février 1990, les dirigeants américains ont fait une offre aux Soviétiques. Selon les transcriptions des réunions à Moscou, le 9 février, le secrétaire d’État de l’époque, James Baker, a suggéré qu’en échange d’une coopération avec l’Allemagne, les États-Unis pourraient donner des « garanties rigides » que l’OTAN ne s’étendrait pas « d’un centimètre vers l’est ». Moins d’une semaine plus tard, le président soviétique Mikhaïl Gorbatchev a accepté d’entamer des pourparlers de réunification. Aucun accord formel n’a été conclu, mais de toute évidence, le compromis était clair : Gorbatchev acceptait l’alignement occidental de l’Allemagne et les États-Unis limiteraient l’expansion de l’OTAN.
Cependant, les grandes puissances se lient rarement les mains. Dans des mémos et des notes internes, les décideurs politiques américains se sont rapidement rendu compte qu’exclure l’expansion de l’OTAN n’était peut-être pas dans l’intérêt des États-Unis. Fin février, Bush et ses conseillers ont décidé de laisser la porte ouverte.
https://www.latimes.com/opinion/op-ed/la-oe-shifrinson-russia-us-nato-deal–20160530-snap-story.html
[xix] En effet, les ogives nucléaires ont une durée de conservation limitée, ce qui nécessite une évaluation périodique de leur état, un retrait en temps opportun pour un stockage provisoire et un éventuel démantèlement. Il s’agit d’opérations coûteuses et techniquement exigeantes.
[xx] Un montant qui représente environ 100 fois le PIB portugais en 2023.
[xxi] Certains se souviendront du fameux « téléphone rouge » entre le Kremlin et la Maison Blanche, datant de l’époque de la guerre froide, une hot-line qui permettait une communication directe entre les dirigeants des États-Unis et de la Fédération de Russie (ex-Union soviétique). Depuis 2008, la hotline Moscou-Washington est un lien informatique sécurisé sur lequel les messages sont échangés par courrier électronique sécurisé.
[xxii] « L’ère émergente de l’intelligence artificielle fait face à une menace croissante des armes à énergie dirigée », David C. Stoudt, Scientific American, 23 mai 2024
[xxiii] On entend dire que des essaims de drones armés ont été utilisés sur le front de guerre en Europe de l’Est.
[xxiv] https://www.theguardian.com/world/2023/dec/01/the-gospel-how-israel-uses-ai-to-select-bombing-targets
https://www.theguardian.com/world/2024/apr/03/israel-gaza-ai-database-hamas-airstrikes
[xxv] « Au cours des trois années de siège de la ville de Leningrad, qui se distingue par les quelque 630 000 personnes que les Allemands ont tuées lentement et intentionnellement grâce à la famine et à d’autres causes connexes. »
Dans « Guerre et famine, la guerre de l’Amérique contre le terrorisme et le gaspillage de notre démocratie », Andrea Mazzarino, 7 juillet 2024 https://tomdispatch.com/war-and-famine/#more