Le coronavirus dans les pays en développement
Appel de la FMTS à faire face aux conséquences sociales et financières
de la pandémie du Coronavirus dans les pays en développement
Le coronavirus, qui a commencé sous la forme d’une crise sanitaire majeure, en Chine puis en Europe, s’est progressivement transformé en crise économique mondiale majeure et en véritable tragédie humaine, en Europe et aux Etats-Unis d’Amérique notamment, mais encore plus sûrement dans les pays les moins développés, plus particulièrement en Afrique.
Dans ce continent – qui déjà comptait en son sein avant la crise actuelle 23 pays des 25 parmi les plus pauvres de la planète, où la plupart des sociétés ont été fragilisées par des années de politiques économiques et sociales régressives, très souvent dictées par l’étranger ; où les systèmes éducatifs et de santé sont au plus bas comme conséquence de ces mêmes politiques et des orientations d’inspiration essentiellement d’ordre financier dictées par le FMI ou la Banque mondiale ; où les grands groupes internationaux ne considèrent leurs activités que comme source d’enrichissement pour eux-mêmes ; où les conséquences du réchauffement climatique se traduisent déjà par une migration humaine forcée de plus en plus intense, etc…- les effets de la pandémie risquent d’être encore plus dévastateurs autant sur le plan humain, que économique social ou environnemental.
Cela pour deux raisons au moins. L’Afrique, en effet, qui ne dispose pour son secteur de santé que de 9 médecins pour 10.000 habitants lorsque les pays de l’OCDE en mobilisent 36, voit annuellement migrer une très grande partie de ses compétences médicales, y compris vers les pays de cette même organisation, où les médecins étrangers représentaient en 2018 plus de 27 % du corps des soignants. De même, et à un autre niveau, la pression de la dette extérieure sur les pays africains, dont certains parmi les plus pauvres de la planète, détourne une part de plus en plus importante de leurs ressources financières. De la sorte, ces pays, avec une dette internationale de près de 600 milliards de dollars américains (soit en moyenne 60% de leur PIB), affectent désormais plus de 15% de leurs budgets respectifs au service de la dette, soit autant en moins à mobiliser dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de l’hygiène ou de la lutte contre les épidémies.
Une telle situation, qui constitue aujourd’hui une menace existentielle pour une majorité d’Africains, vivant à près de 80 % d’activités informelles sans aucun filet social, ne peut absolument pas durer.
Dans ce sens, la Fédération mondiale des travailleurs scientifiques appelle la communauté internationale à :
- Mettre tout en œuvre pour mobiliser le fonds de 500 milliards de dollars proposé par la CNUCED en vue de l’instauration de systèmes de santé viables dans les pays en développent ;
- Faire bénéficier ces systèmes, gratuitement, des compétences, des savoirs et des résultats obtenus, en partie grâce à des ressources humaines qualifiées venues du Sud, dans les institutions de santé et de recherche médicale des pays industrialisés;
- Fournir urgemment les médicaments, les vaccins (lorsqu’ils seront validés) les équipements médicaux et les moyens financiers suffisants pour faire face à la pandémie actuelle et aux autres besoins de santé ainsi qu’aux besoins alimentaires des populations affectées par la pandémie dans les pays les moins développés ;
- Annuler la dette extérieure de ces mêmes pays, dont la part par rapport à leur PIB est passée, en l’espace de 10 ans, de 35 % à 60 %, et dont le coût en termes de taux d’intérêt a littéralement explosé au cours des dernières années, passant de 4% en 2013 à 12 % en 2017, soit plus de 12 fois le taux d’intérêt payé pour ses emprunts par l’Allemagne, par exemple.