Les moyens (scientifiques) justifient-ils la fin (sociétale)
La confiance dans sa propre supériorité scientifique ne nuirait-elle pas à la clairvoyance politique ? La politique scientifique européenne doit-elle se fixer pour « ultime objectif » de permettre à l’Union, selon ses propres termes, de « devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde. » ? Sommes-nous pour toujours les prisonniers d’un cercle vicieux dans lequel la création d’emplois impose la conquête de marchés qui, à son tour pèse sur l’innovation, au risque de renoncer aux impératifs d’un développement durable ? La Ligue française des droits de l’homme nous met en garde : « Face aux mirages de la puissance technique, à ceux qui disent ‘On peut le faire … faisons-le !’, les citoyens demandent ‘Pourquoi le faire ?’ ». Comment concevoir un débat sur les fins, associant tous les citoyens, scientifiques et non scientifiques ? Le scientifique doit écarter la tentation confortable de la raison scientifique pour fonder les choix de société. Ce dernier n’est pas la solution d’un système d’équations. Il comporte une prise de risque. Après tout, n’est-ce pas là une spécificité de l’être humain, sauf à se laisser transformer en chose ?