Contribution à une déclaration de la FMTS sur la question énergétique

Par Hélène Carteron
 

Le désastre de Fukushima, soulève la question de la sureté des installations de production d’énergie nucléaire, de la radioprotection des personnes et de l’information des citoyens.

La FMTS met en avant les exigences suivantes :

> l’indépendance réelle des instances internationales et nationales chargées de la sûreté nucléaire et de la sécurité des installations.

> l’engagement de la responsabilité des gouvernements dans la priorité à la sécurité face à la dérive libérale de réduction des coûts.

> que les gouvernements ne puissent prendre seuls les décisions concernant la filière nucléaire, sa part dans la production énergétique de chaque pays et à terme le maintien où la sortie de celle-ci. Seul un processus de concertation entre populations concernées, personnels des centrales, scientifiques et ingénieurs spécialisés permet d’exprimer la totalité des points de vue et d’écarter les conflits d’intérêt.

> une inspection complète des installations existantes, dans les pays dotés d’un parc nucléaire pour évaluer les risques liés à la fiabilité des installations, à leur vieillissement, aux conditions d’entretien et d’exploitation ainsi que les risques sismiques ou d’inondation. Les conditions de travail et les risques pour la santé de tous les salariés du nucléaire (quel que soit leur statut d’emploi) doivent être mis en lumière. Le recours à la sous-traitance augmente les risques en entraînant le manque de formation à la sécurité et la perte de compétences en interne. La « gestion de l’emploi par la dose » a recouru de tous temps à des intérimaires censés ne travailler qu’un certain nombre de mois par an et privé de suivi médical post professionnel. La FMTS appelle l’attention des pouvoirs publics, et de l’OIT sur ce scandale social et humain inacceptable. La connaissance des risques, les conditions de travail, les questions d’approvisionnement en combustible et de traitement des déchets doivent faire l’objet d’une collaboration internationale dans un esprit de solidarité planétaire de respect et de protection de tous les peuples.

> l’évaluation du coût et des conditions du traitement des déchets et du démantèlement des installations.

Quelques principes généraux

  1. La FMTS dénonce le refus des grandes puissances de s’engager clairement dans un processus international de réduction massive des émissions d’oxydes de carbone et soutient l’exigence d’une politique mondiale contraignante sur ce point. La sécurité des populations et la sauvegarde d’un environnement favorable au maintien et au développement des économies locales sur l’ensemble de la planète doivent être reconnues comme droits fondamentaux.
  2. La FMTS soutient l’exigence du droit à l’énergie et à l’indépendance énergétique de tout pays. Pour autant, le modèle énergétique des pays développés, inscrit dans un mode de production orienté prioritairement vers l’accumulation du capital, et non vers la satisfaction des besoins humains, ne saurait constituer un modèle unique.L’expérience des aléas et des impasses du développement de l’énergie thermique, puis nucléaire dans les pays riches doit être analysée et critiquée d’un point de vue historique, économique et social.
  3. Le développement des énergies renouvelables doit se déployer à une échelle permettant de répondre à ces exigences mais l’« économie verte » livrée au marché des « innovations non polluantes » et orientée vers le profit ne peut aller dans le sens d’un développement soutenable sur l’ensemble de la planète.De grands programmes de recherche publique et d’expérimentation à l’échelle industrielle doivent être conduits sur l’ensemble des sources d’énergie alternatives déjà connues et sur les conditions de leur exploitation dans l’intérêt général (éolien, solaire, hydraulique, marées). De nouvelles voies doivent être ouvertes (biomasse, charbon propre…)

    La collaboration scientifique et technique internationale, doit viser la transparence et l’échange des connaissances, dans un esprit de solidarité planétaire et de soutien aux pays économiquement faibles et rejeter la concurrence entre les nations et la défense des intérêts privés.

    Un contrôle public intégrant scientifiques, juristes, syndicats et associations, en lien avec des instances internationales (UNESCO, OMS, OIT) doit présider à la mise en œuvre et au déroulement de ces programmes et à la diffusion des connaissances.

  4. Des aides publiques doivent permettre de développer des programmes d’économies d’énergie (dans les transports, l’isolation des bâtiments publics et privés, les modes de chauffage alternatifs et collectifs).Le marché de l’électricité doit être régulé publiquement et les tarifs à la consommation contrôlés dans l’intérêt des populations. La FMTS se prononce contre le principe de la libre concurrence dans la production et la vente d’électricité.
  5. La maîtrise de la dépense énergétique passe aussi par la maîtrise des choix de production et d’organisation du travail. L’utilité sociale des innovations technologiques, l’évolution des conditions de travail doivent être examinées en associant chercheurs, producteurs et utilisateurs. Un « droit d’ingérence » des travailleurs dans les modes et les objectifs de production permettrait de réduire la consommation énergétique et de revaloriser le travail humain en terme de conditions de travail, de santé au travail, de protection sociale solidaire fondée sur le travail, de reconnaissance des qualifications, et de redistribution de la valeur ajoutée.

Notre conception :

Un développement soutenable ne peut s’entendre que dans une double acception : sociale et environnementale. Il réside dans la juste reconnaissance du travail humain dans la réponse aux besoins matériels, culturels et éducatifs de tous les peuples du monde en même temps que dans le respect des capacités de notre planète hôte