Enseignements du Séminaire sur les jeunes chercheurs

Nijni Novgorod

 

Rassemblant  60 participants venus de 13 pays de 5 continents, ce séminaire était organisé par la Fédération au moment de la tenue de sa 21ème Assemblée générale.

Il ressort des 33 interventions une communauté de préoccupations concernant la situation matérielle, sociale et professionnelle des jeunes scientifiques, quels que soient les pays concernés.

Le lien entre l’avenir de la recherche scientifique et la place assignée aux jeunes chercheurs a été souligné par de nombreux intervenants.

Un des points forts de la discussion a porté sur l’augmentation de la situation précaire des jeunes scientifiques et des différentes formes que cela peut prendre.

Plusieurs intervenants issus des continents européens et africains ont souligné le bas niveau des rémunérations des post-docs et doctorants, voire l’absence de rémunérations pour de nombreux doctorants, mais aussi l’absence de garanties pour le chômage, la protection maladie ou les retraites.

Ces emplois de post-docs sont offerts pour travailler sur des projets scientifiques très spécialisés dans une durée limitée, sans garantie pour l’avenir et dans des conditions de concurrence aggravées.

Pour de nombreux collègues, l’absence de perspectives de travail scientifique sur le long terme et l’insuffisance des emplois scientifiques permanents conduisent nombre d’étudiants, doctorants et docteurs à quitter leur pays pour rechercher un nouvelle place de chercheur temporaire ou tout simplement à abandonner la carrière scientifique. Cette fuite des cerveaux est notamment constatée en Europe de l’Est, dans le Maghreb et en Afrique.

Le climat hyper compétitif et très stressant peut conduire certains post-docs au découragement et quelquefois à la mort par épuisement comme c’est le cas au Japon.

La place minoritaire des femmes scientifiques est entretenue pas ces conditions défavorables.

Un autre point fort du séminaire a mis l’accent sur le processus général de privatisation de la recherche dans les cinq continents représentés. Si l’organisation en projet en est un des aspects, cela se traduit aussi par la réduction des moyens et postes budgétaires publics, par la focalisation des programmes de recherche sur des objectifs visant une production immédiate et rentable. Les entreprises privées pilotent directement ou indirectement les politiques de recherche et cherchent à réduire le coût du travail scientifique. Les jeunes chercheurs constituent une des cibles principales de ces politiques.

Plusieurs intervenants on présenté des logiques alternatives de programmation scientifique s’appuyant sur le développement de la recherche, selon des orientations combinant la recherche fondamentale à long terme et la finalisation sur des objectifs de développement soutenable pour l’Humanité. Ce développement devrait s’appuyer sur celui de l’enseignement supérieur publics et de l’éducation scientifique

Ces perspectives nécessitent d’établir dans chaque pays un socle de garanties sociales, professionnelles et juridiques pour tous les chercheurs et spécifiquement pour les jeunes. La liberté des chercheurs en est un élément essentiel. A cet effet, la Recommandation de l’Unesco de 1974 concernant la conditions des chercheurs scientifiques et la Charte européenne du chercheur de 2005, les conclusions du forum africain de 2006, représentent des points d’appui importants, étant reconnues ou signées par de nombreux pays. Mais leur application concrète ne sera rendue possible que par les actions revendicatives ou politiques au plan local, régional ou international.