Sauvegarder la paix

Les Nations Unies, l’OTAN et l’équilibre géostratégiques en Europe et ailleurs

Au lendemain de la 2 ème guerre mondiale, qui a entrainé des souffrances et des destructions si extraordinaires dans presque tous les pays sur la Terre, un groupe représentatif de travailleurs scientifiques incluant les fondateurs bien connus de la FMTS, ont pris sur eux-mêmes la tâche de la plus haute importance de mobiliser leurs collèges et l’opinion publique sur la nécessité absolue de sauvegarder la paix par la suppression des armes nucléaires et par le désarmement. Avec le temps des événements connus de tous ont montré que les grandes puissances aux intérêts géostratégiques opposés, ayant mis de côté l’objectif d’éliminer des armes de destruction massive, sont allées progressivement vers l’instauration d’un équilibre des forces visant à faire que la perspective de la destruction mutuelle assurée était la clef pour empêcher la guerre mondiale.

Les principales puissances occidentales s’étant solidement positionnées contre le communisme et les États socialistes issus de la révolution d’octobre 1917 en Russie tsariste, les conséquences de cette position ont imprégné tout le 20ème siècle.

Après la défaite du nazi-fascisme en 1945, au cours de la période de ce qu’on a appelé « la guerre froide », un équilibre des forces suffisamment proportionné aux buts envisagés a pu être maintenu aux prix d’investissements colossaux, en main d’œuvre et en ressources matérielles et financières qui auraient dû être employées à l’allégement du sort de milliards d’êtres humains vivant en état de malnutrition et en mauvaise santé. Bien que plusieurs conflits aient régulièrement embrasé différentes parties de la planète, une guerre mondiale a été évitée même si, en plusieurs occasions, le genre humain a échappé de peu échappé à l’extinction nucléaire par suite d’une erreur humaine de calcul ou à la manœuvre défectueuse d’un appareil.

L’antagonisme et la méfiance ont aujourd’hui atteint de nouveaux sommets. Après la chute du mur de Berlin de nouveaux les murs prolifèrent déjà en place ou annoncés, pour différentes raisons et dans différentes régions du monde. Les murs, de quelque sorte qu’ils soient, sont une menace pour la paix et la stabilité. L’escalade des tensions au cours des dernières années en Europe, dans le Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est est particulièrement alarmante.

Le système des Nations Unies, qui a un besoin urgent de réforme, s’est avéré incapable de remplir le rôle qui a présidé à son établissement dans les années qui ont immédiatement suivi la deuxième guerre mondiale : substituer la diplomatie au conflit, favoriser le développement économique social et une distribution équitable de la richesse parmi les nations. Les alliances présumées défensives entre les puissances, dont le Pacte de Varsovie et l’OTAN sont des exemples les plus importants, ont suivi différents chemins. Tandis que le Pacte de Varsovie créé en 1955 après l’intégration de de l’Allemagne de l’Ouest dans l’OTAN, fut dissous en 1991, l’alliance de l’OTAN fondée en 1949, existe toujours et a élargi tant le nombre de ses membres que sa couverture géographique. L’OTAN et les Etats-Unis qui sont l’opérateur de loin le plus grand des bases militaires d’outre-mer, ont agi plusieurs fois en infraction au regard de l’article 39 du chapitre VII de la charte des Nations Unies, à savoir, que « Le Conseil de sécurité constate l’existence d’une menace contre la paix, d’une rupture de la paix ou d’un acte d’agression et fait des recommandations ou décide quelles mesures seront prises conformément […] pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales. »

L’espoir de la paix stable en Europe, basée sur le compromis et le respect des intérêts mutuels ont subi un coup dur en 2002 avec le retrait unilatéral des USA du Traité sur la limitation des systèmes de missiles antibalistiques (Traité d’ABM), en vigueur depuis 1972 et dont les USA et l’URSS étaient les signataires uniques. Cela a ouvert la porte à la nouvelle course aux armements dont le monde est aujourd’hui le témoin.

Ces dernières années, l’OTAN est en train de renforcer sa présence militaire en particulier en Europe de l’Est, dans les États baltes et en Pologne. De nouvelles bases militaires et d’autres équipements ont été installés ; les exercices militaires communs faisant participer des troupes de plusieurs États membres de l’OTAN ont lieu à étroite proximité des frontières de la Fédération de Russie. Plusieurs pays est-européens ont rejoint l’OTAN depuis la chute de l’Union Soviétique. De tels développements augmentent des tensions entre les deux principales puissances nucléaires ce qui est un mauvais présage pour l’avenir de la paix du monde.

Dans ce contexte il est important de noter qu’il a été établi au-delà du doute raisonnable que l’expansion de l’OTAN en l’Europe de l’Est viole des engagements pris lors des négociations sur la réunification de l’Allemagne.

Soixante-dix un ans après que les bombes atomiques ont détruit Hiroshima et Nagasaki une majorité écrasante de nos concitoyens ont peu d’idée sur ce à quoi nous faisons face aujourd’hui. Les principales puissances nucléaires n’ont pas réalisé un accord effectif dans le respect de la lettre ou de l’esprit du Traité de non-prolifération nucléaire de 1970.

Pour finir, la décision de la Maison Blanche actuelle de monter à 1 milliard de dollars la dépense affectée à ce qu’ils appellent le « programme de revitalisation atomique », destiné au développement et aux essais de bombes atomiques plus sophistiquée, de grande précision, plus petites et plus silencieuses. En fait cela abaissera dangereusement le « seuil nucléaire » qui désigne les circonstances dans lesquelles il est « acceptable » de recourir aux armes nucléaires dans un éventuel théâtre de guerre ou même contre les cibles non militaires.

À plusieurs reprises, le Pape François a parlé de la menace de la guerre. Au cours du vol de Rome vers Cracovie pour sa récente visite en Pologne, il a insisté : le monde est en guerre « une troisième guerre [à épisodes ( ?)] [ par acomptes ( ?)…] » ; cette guerre « n’est pas une guerre religieuse » :« C’est une guerre d’intérêts, une guerre pour des bénéfices (« per i soldi » 1 ), c’est une guerre pour les ressources naturelles, c’est une guerre pour l’assujettissement des peuples. Voilà ce qu’est cette guerre. » La guerre à « acomptes » associée à l’extension du terrorisme et de l’insécurité, répand les graines qui peuvent mener à une guerre mondiale. Il est alors tout à fait improbable que des armes nucléaires ne soient pas utilisées avec, comme conséquence l’extinction de la vie sur terre.

Conformément aux principes définis par ses statuts, la FMTS en appelle, par la présente déclaration à tous les travailleurs scientifiques, au-delà de leurs domaines spécifiques d’expertise, de croyance ou d’allégeances idéologiques, pour qu’ils exercent leur capacité d’analyse critique des circonstances actuelles qui ont une implication sur le futur de notre maison commune – la planète Terre – sur la sauvegarde de la vie et du bien-être de nos concitoyens et pour qu’ils contribuer à influencer l’opinion publique en faveur de l’adoption des options politiques raisonnables à tous les niveaux de décision dans la société.