Les vaccins contre la COVID 19 doivent devenir un bien commun mondial

Déclaration du Secrétariat International

La pandémie n’est pas sous contrôle. La catastrophe sanitaire en Inde en témoigne, mais aussi la situation en Russie, Brésil, Chili, Afrique du Sud, Grande-Bretagne… Dans de nombreux pays, les vaccins restent une denrée rare voire inexistante. Les dons de vaccins des pays riches aux pays moins nantis sont loin de permettre la vaccination de toutes les populations menacées. Par ailleurs, nul ne sait si les vaccins actuels protégeront efficacement de l’émergence éventuelle de nouveaux variants plus agressifs.

Par cette déclaration, nous rejoignons les commissions d’éthique de l’UNESCO qui affirment que « la disponibilité des vaccins pour tous, dans tous les pays, est une question éthique essentielle » et que les vaccins doivent devenir un « Bien commun mondial » effectif.

Nous appuyons l’engagement de l’Inde et de l’Afrique du Sud, soutenus par une centaine de pays, dont la Chine et la Russie, puis par les États-Unis et aujourd’hui par la France, afin que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) libère les licences de production des vaccins contre la Covid, comme le demande depuis des mois la FMTS avec divers mouvements progressistes. Malheureusement, des pays participants à l’OMC (dont les décisions se prennent à l’unanimité), notamment l’Allemagne et le Royaume-Uni, s’opposent à la libération de ces licences. Ils cherchent ainsi à protéger les grands groupes pharmaceutiques et leurs sur-profits considérables. Il ne sera donc pas possible de favoriser à court terme la diffusion des techniques de fabrication vaccinale permettant à de nombreuses régions et pays de par le monde de protéger leurs populations.

Il est donc très probable que la pandémie ne sera pas endiguée de sitôt.

Aussi, il est nécessaire de rappeler les efforts de l’OMS pour développer les coopérations entre pays au plan sanitaire et scientifique. C’est la voie la plus prometteuse. Pour ce faire, il faut se libérer de la domination des logiques financières et mercantiles.

Nous avons besoin de développer les connaissances fondamentales sur cette maladie comme sur les zoonoses nouvelles qui ne manqueront pas de survenir. Le soutien aux centres de recherche publics et à leur synergie doit être développé. La recherche vaccinale doit être appuyée comme celle sur les traitements. En même temps, les politiques publiques doivent se doter des protections contre les conflits d’intérêt nuisant à la promotion des soins les plus efficaces et contre la méfiance, voire l’hostilité, de nombreuses personnes envers la vaccination. Il est essentiel de soutenir aussi les centres de soins et augmenter le nombre de soignant(e)s alors que de nombreux pays – notamment du Sud, d’où migrent par ailleurs de forts contingents de médecins et de personnels paramédicaux – connaissent des régressions ou insuffisances mises en exergue par la pandémie.

La pandémie s’est étendue en pleine accélération du changement climatique. Elle nous rappelle que le modèle économique dominant mondial affecte non seulement l’environnement mais aussi la santé humaine. La décennie sera déterminante pour mieux protéger l’humanité de catastrophes massives et meurtrières.

Nous appelons nos collègues à rejoindre les mouvements pour changer nos façons de produire et de consommer et mieux prendre soin de la vie sur terre en général et de nos congénères en particulier.