Exposé introductif à l’Assemblée Générale de Marrakech- 9 mai 2022

Monsieur le Ministre, Madame la Directrice générale adjointe de l’UNESCO, Monsieur le Recteur, chers collègues

Préambule

Au nom de la Fédération Mondiale des Travailleurs Scientifiques (FMTS), je tiens à remercier les autorités politiques et universitaires qui nous font l’honneur en accueillant cette 23è Assemblée Générale ainsi que nos autres activités de la semaine, notamment le Symposium qui se tiendra demain dans ces mêmes locaux, symposium ouvert au public et qui a pour titre « la Science par qui, pour qui, pourquoi ? » mais aussi les ateliers et les sessions de l’A.G. dans un hôtel près de la ville.

Je remercie notre organisation affiliée hôte, le SNESUP et notamment les dirigeants nationaux dont le secrétaire général, le professeur Jamal Sebbani, qui ont organisé concrètement cette semaine de travail en étroite collaboration avec notre secrétariat international. Nous avons tenu des visioconférences très régulièrement depuis plusieurs mois.

Cette année, pour les raisons que l’on connaît, comme beaucoup d’organisations, nous avons dû organiser une Assemblée « hybride » avec les inconvénients inhérents : nous remercierons les amis de Chine qui ont accepté de veiller très tard lors de nos débats tout comme seront excusés pour les travaux du matin ceux restés en Amérique. Je me félicite et tiens à remercier tous ceux qui participeront en présentiel ou à distance ; ils représentent plus de 30 organisations, provenant de 15 pays et 4 continents. Nous accueillons aussi des représentants d’organisations amies et des individuels. Il faut aussi se féliciter du fait que plus de la moitié des membres du Conseil exécutif sont inscrits. Malgré les contraintes de temps et d’argent, malgré le contexte international que l’on sait, ,… alors que nos organisations affiliées ont leur propre agenda, qu’elles sont accaparées par la défense individuelle et collective des collègues, par la reconnaissance de nos missions plus nécessaire que jamais, ce rassemblement est pour nous un encouragement.

Introduction

L’Assemblée Générale, c’est notre congrès, elle remplit les mêmes fonctions : faire un bilan des 4 années passées, analyser le présent et les évolutions puis définir une orientation et des priorités puis élire une nouvelle direction avec d’une part son parlement donc , que l’on nomme le Conseil exécutif et d’autre part, son gouvernement, le secrétariat international animé notamment par une équipe présidentielle, tous munis d’une feuille de route.

Mon premier objectif est donc de contribuer à lancer tout ce processus qui va se dérouler jusqu’à jeudi soir mais j’en ajoute un deuxième que je vais privilégier dans la partie introductive qui est de nous présenter, de mieux nous faire connaître à un grand nombre parmi vous, dans cette session inaugurale qui est ouverte au public, aux collègues, aux travailleurs scientifiques d’ici, aux étudiants, à vous qui êtes invités ou nouveaux délégués.

Présentation de la FMTS

La Fédération mondiale des travailleurs scientifiques (FMTS), est une organisation internationale non gouvernementale partenaire officielle de l’UNESCO. Elle a été fondée en 1946, à l’initiative de personnalités scientifiques de très haut niveau et d’un syndicat britannique, la British Association of Scientific Workers. L’existence de la FMTS est avant tout un appel à toute la communauté scientifique à s’impliquer dans la mise de la science et de la technologie au service de la paix et du bien-être de l’humanité

Deux axes de préoccupations convergeaient en faveur de la création de la FMTS en 1946 : ne pas permettre de nouvel Hiroshima ; mettre la science au service du bien-être.

La Fédération Mondiale des travailleurs Scientifiques ( FMTS) est en fait un réseau d’associations professionnelles, d’ONG et de syndicats qui rassemblent des personnels de la recherche publique et privée (et non une fédération, terminologie de l’époque de sa création, 1946, dans la mesure où les décisions ne sont pas contraignantes et résultent d’un consensus ). Elle accueille aussi des personnalités à titre individuel. Son activité principale – outre l’activité UNESCO- réside dans les travaux des groupes de travail, ad-hoc ou permanents, dont les champs d’intervention sont notamment ; la paix, le désarmement et la coopération, le développement durable, le climat et l’énergie, les conditions de la recherche et celle des chercheures et des femmes scientifiques, le terme scientifique englobant tous les métiers de l’enseignement supérieur et de la recherche, du technicien au directeur de laboratoire.

Je reviens sur l’idée fondatrice de s’opposer à l’utilisation des progrès de la connaissance à des fins militaires : une de ses premières interventions fut de prendre part et d’inciter ses affiliés à souscrire à l’« appel de Stockholm » qui fut lancé en 1950, signé par des millions de personnes à travers le monde, ce qui empêcha certainement Truman, le Président des Etats-Unis, de recourir à l’arme nucléaire pendant la guerre de Corée.

Je précise que lorsque nous parlons de Science , nous entendons tous les savoirs fondamentaux et appliqués, des sciences humaines et sociales aussi bien que des sciences de la nature et des mathématiques.

Une constante dans ses 3/4 de siècle d’histoire est de maintenir le dialogue et la coopération entre scientifiques de pays aux cultures, aux régimes politiques différents, c’était le cas au temps de la guerre froide et aujourd’hui nous disons ceci dans une déclaration sur la guerre en Ukraine : « la FMTS s’inquiète du processus de l’isolement des scientifiques et des

intellectuels en Russie conduisant à la dégradation des relations scientifiques et culturelles, facteurs de paix. La communication, les échanges et la coopération doivent être maintenus au plan mondial ».

Le contexte international

Depuis notre précédente Assemblée à Dakar, c’est à dire en 4 ans, c’est peu de dire qu’il s’est passé beaucoup de choses. Ce sont des évènements, des catastrophes réelles ou potentielles qui se sont abattues sur des millions d’êtres humains ou qui les menacent. Je veux parler de la dernière pandémie, des atteintes au climat et à l’environnement, des guerres qui se développent et qui remplacent de plus en plus la diplomatie et la négociation. Tous ces drames ne sont ni naturels, ni issus d’une fatalité : ils proviennent des activités et des choix politiques des sociétés humaines, N’oublions pas en outre la faim et la misère qui sont aggravées par ces crises.

Tout ceci nous concerne particulièrement en tant que travailleurs scientifiques et en tant qu’animateurs d’une organisation, la FMTS, qui se consacre à l’étude de toute question qui implique la relation science et société, autrement dit, à chaque fois que notre responsabilité sociale est engagée, individuelle et collective, celle des institutions scientifiques et celle de la science elle-même. En effet, les usages de la science et de la technologie, les politiques et orientations de la recherche participent à la fois des causes et des solutions des catastrophes citées.

Arrêtons-nous quelques instants sur les principaux défis qui peuvent « éclater » à tout moment et se transformer en catastrophes.

Le développement du recours à la guerre

Je cite sans ordre hiérarchique mais je ne peux m’empêcher de placer en premier le développement du recours à la guerre. J’emprunte aux travaux de notre groupe de travail

« Paix, désarmement et coopération » ces phrases :

Tout au long de l’Histoire la guerre et toutes les formes de violence qui l’accompagnent, ont été un compagnon permanent de l’humanité. La guerre n’a cessé d’évoluer, mais le rythme sans précédent auquel les connaissances scientifiques et les capacités technologiques associées se sont développées au cours des cent dernières années – alors que les mentalités et les rapports sociaux inégalitaires demeurent- a radicalement transformé la nature des menaces auxquelles nous sommes confrontés. Inutile de dire que la plus grande parmi ces dernières est celle qui découle de l’existence, de la possession et de l’utilisation possible d’armes nucléaires.

Le refus et la prévention de la guerre est la clé d’un avenir vivable pour l’humanité. Seule la paix permettra de contribuer à réduire les inégalités entre les pays et à l’intérieur de chaque pays, ainsi que de faire face efficacement au besoin urgent de lutte contre le changement climatique. Comment transformer en cercles vertueux, ces cercles vicieux ?

Le défi environnemental

Le défi environnemental est immense et demande des mesures immédiates qui doivent être prises par et pour l’ensemble de l’humanité ou plutôt pour l’ensemble mais par, essentiellement, les économies développées. Le dérèglement climatique, les pollutions, l’épuisement des ressources et les atteints à l’écosystème et à la biodiversité tout est confirmé et déjà en développement sinon en emballement. On vient de gâcher, de perdre 10 années en tergiversations et programmes revus à la baisse : les années qui viennent sont des années-clefs. Il faut avoir le courage de dire et de faire que des politiques publiques doivent s’imposer face au marché et aux multinationales.

Là, comme sur la question de la guerre, il faut renforcer le rôle des nations unies, il faut des politiques concertées, des régulations. A Dakar, nous avions lancé un cri d‘alarme, un appel au respect des engagements pris à Paris en 2015 ; beaucoup d’autres font de même mais ce n’est pas suffisant, il faut crier plus fort ! et tous ensemble ! saluons ici les Etats qui prennent la bonne direction comme notre pays hôte.

Les risques sanitaires, la pandémie du Covid-19

Différentes observations incriminent la démographie humaine et la disparition                                                                                                                                         des espaces vitaux pour la faune. D’autres mettent l’accent sur les risques engendrés par les recherches en virologie. C’est la gestion de la pandémie qui est surtout matière à enseignements. Côté positif, c’est l’intervention publique, le non-respect de la règle néolibérale typique limitant la dette, les concertations entre Etats qui se sont imposées (mais sauf lorsqu’il s’est agi de mettre effectivement les vaccins à la disposition de tous, en particulier des pays les plus pauvres d’Afrique),côté négatif, c’est l’irruption en désordre de scientifiques dans le monde médiatique générant incompréhension, défiance et jusque de l’anti-science.

Les inégalités géantes et s’approfondissant

C’est une des caractéristiques majeures du monde d’aujourd’hui, une des plus immorales et un des obstacles principaux à l’émergence d’un monde de paix et de fraternité, un monde dans lequel on n’aurait pas l’obligation de chercher refuge, d’abandonner ses « anciens », ses musiques, ses traditions et ses plats préférés. Ces inégalités concernent tous les besoins fondamentaux : l’alimentation, la santé, l’éducation, le travail et les éléments de qualité de vie que sont l’espace, le silence et la sécurité.

Le développement du repli identitaire, de la xénophobie, de l’intolérance et de l’irrationnel

Tout ce que je viens de décrire est ressenti, et même vécu par des millions, des milliards de gens qui n’ont pas accès aux réflexions, aux propositions qui font penser qu’ un autre monde est possible. Il faut dénoncer le rôle négatif de certains grands moyens d’information et de communication qui sont entre les mains d’oligarchies économiques et/ou politiques ; le recours à l’émotion aux dépens de la pensée rationnelle et de l’esprit critique. Les pouvoirs

économiques et politiques sont souvent complices et mêmes initiateurs : les colères se trompent de cible et visent les « encore plus » faibles que soi, les « encore plus » marginalisés.

Le développement des migrations-refuges

Ce point nous ne le considérons pas comme une catastrophe en soi, l’homme s’est de tout temps déplacé et son ascension dans l’échelle des êtres vivants de la planète est peut-être en corrélation, cependant cette migration est présentée aujourd’hui par des politiciens comme un danger et exploitée comme dérivatif aux colères générées par leur propre politique. Rappelons une autre migration, celle-ci encouragée et laissée discrète c’est le « brain drain », le drainage des cerveaux, le pillage des diplômés par les pays les plus développés.

La « révolution numérique » n’est pas non plus un mal absolu, elle est le meilleur exemple de l’ambivalence de l’avancée de la science et j’y reviendrai plusieurs fois dans mon exposé. Elle a apporté un bouleversement des modes de production et d’échange mais aussi du quotidien de chacun. C’est un formidable outil de productivité, de remplacement de certaines activités pénibles, de facilitation des relations humaines– nous en profitons en ce moment, dans cette réunion « hybride »- mais aussi un formidable instrument pour la guerre, la surexploitation des hommes. L’intelligence artificielle, l’ « homme augmenté », les questions d’éthique et de démocratie : tout ceci nous interpelle, tout ceci est au cœur de notre champ d’intervention, la relation science et société et nous en débattrons toute cette semaine.

Alors, le présent et l’avenir sont-ils complètement bouchés ? Non, car dans le même temps, sont obtenues des avancées « par petits pas » quant à la place des femmes, le travail des enfants, la santé (l’espérance de vie croît) et même l’éducation par exemple (l’analphabétisme recule). Dans tous les cas, c’est la mise en mouvement de la société qui a permis d’avancer. Chaque mois ou même chaque semaine des peuples de par le monde descendent dans les rues, occupent des lieux publics … non pour chasser ou massacrer une minorité mais pour réclamer qu’on les écoute, qu’on les traite dignement, qu’on respecte leurs droits, etc….

La situation de la Science

Ce sont les termes ambivalence et contradiction qui me semblent devoir la qualifier. Contradiction car coexistent les pôles opposés : la science devenue une activité « de masse » au niveau mondial avec une avancée considérable dans tous les domaines, avancée des connaissances, avancée des inventions et des applications qui ont permis de rendre le travail et la vie en général plus faciles mais dans le même temps, avec un impact si inégalitaire que c’en est choquant. Il est des

régions du monde où les malades n’ont pas accès aux thérapies pourtant connues, comme également une partie des populations des pays développés ; il est des écoles sans électricité, il est des gens obligés de vendre un organe pour survivre. Le développement de la science a permis de rendre intelligible notre environnement et dans le même temps a rendu l’Homme irrespectueux de cette Terre-mère comme disent les Amérindiens, qui n’a pour seul « gîte et couvert » que sa minuscule croûte. Cette prétention à dominer son environnement révèle maintenant toute son inconséquence. Les retombées des avancées scientifiques, ce sont aussi notamment la fabrication et l’utilisation d’armements de plus en plus dévastateurs. L’exemple actuel donné par la lutte anti-virus est particulièrement riche d’enseignements sur l’ambivalence comme on l’a vu précédemment.

Sciences et technologies sont désormais devenues des facteurs essentiels dans la compétition économique mondiale. La rudesse de cette compétition, la course aux profits, poussent à la création de nouveaux marchés et donc, par exemple de nouvelles consommations en utilisant les moyens de l’intelligence artificielle et des big data pour agir sur le comportement des consommateurs. Sous les vocables excellence, innovation, c’est cette réduction de la production des savoirs à cet objectif qui est à l’œuvre.

L’universitaire que je suis est profondément choqué de voir reculer la recherche fondamentale celle dont le but est la connaissance et la compréhension du monde, depuis l’univers jusqu’à l‘infiniment petit, la genèse de nouveaux paradigmes qui permettent les sauts qualitatifs dans le développement des sciences. Les financements, le pilotage, les statuts des établissements, notamment des universités mais aussi des personnels, la compétition et les classements comme dans le monde du football-business, les hiérarchies renforcées, l’individualisation des parcours, la précarisation généralisée, tout va vers le recul de la vraie qualité, de la vraie excellence et puis malheureusement aussi de la solidarité au sein de la communauté scientifique. J’explicite le pourquoi de la baisse de qualité : j’ai retrouvé mon exposé de Barcelone alors que j’avais été invité à parler de l’excellence par l’association des personnels de recherche dont notre ami, le professeur Molins est membre ; et je disais ceci : « la précarité génère le travail trop vite fait alors que la recherche exige du temps et de la réflexion, elle favorise le conformisme, le simple approfondissement des questions au lieu du risque d’emprunter des chemins complètement nouveaux et peut entrainer jusqu’à la fraude ».

Cette évolution que je décris est notamment à l’œuvre en Europe, une Europe qui là-aussi s’aligne sur le modèle anglo-saxon, qui abandonne son modèle de service public national, plus ou moins selon la résistance des personnels et des étudiants, eux-mêmes fragilisés car devenus des clients. Cela emmène vers l’inégalité des diplômes, des cursus, des traitements des personnels et nous entraîne loin de l’égalité d’accès quelle que soit la classe sociale ou la région. Je me suis attardé sur ces évolutions car c’est la toile de fond de l’activité de nos organisations affiliées et la nôtre a fortiori.

L’activité de la FMTS, son rôle, son évolution

La question que je nous invite à poser et à tenter d’y répondre, est la suivante : dans ce contexte, ces défis pour l’humanité qui sont autant de défis pour la science d’une part et ces visions réductrices et instrumentalisées de la science d’autre part, quels sont l’utilité et le champ d’action prioritaire de la FMTS ?

Quelles sont nos activités les plus courantes ?

  • Les débats sur nos listes de diffusion pour déboucher sur des déclarations officielles à propos d’évènements considérables et impliquant la science
  • L’établissement de plans d’action sur des sujets considérés majeurs par l’A.G. ou le C.E. et impliquant différentes O.A. ainsi qu’un de nos groupes de travail
  • Le soutien, la solidarité avec les syndicats et les associations affiliées qui sont en conflit avec les autorités politiques et professionnelles.
  • Le souci de nos relations internes et extérieures en répondant positivement aux invitations aux congrès, aux conférences et aux séminaires.
  • Le travail « UNESCO » : avec les secteurs des sciences, avec et au sein du comité de liaison UNESCO-ONG pour des projets et réalisations concrètes. Ce sont des conférences, des formations, des Recommandations à soumettre aux Etats.
  • Le soutien ou la participation à des campagnes internationales dont les objectifs rejoignent les nôtres,

Nos temps forts sont évidemment les rendez-vous statutaires et réguliers comme les secrétariats mensuels et les rassemblements majoritairement en présentiel que sont les sessions annuelles du Conseil exécutif et comme ici, la réunion quadriennale de l’A.G.

Quels sont les points faibles ? Notre capacité d’« influenceurs » -pour prendre un terme à la mode- est inégale, irrégulière et globalement insuffisante : l’exemple côté négatif est notre appel-pétition lancé à Dakar -sur le climat- qualifié de dense, clair et percutant qui récoltât très vite des milliers de signatures mais très inégalement réparties, visiblement dépendantes des relais locaux, notamment de l’investissement de personnes individuelles ou militants d’organisations affiliées puis s’étiolât. L’exemple positif est celui de notre rôle, notre intervention dans l’enrichissement, la mise en lumière puis dans l’adoption et le suivi des Recommandations de l’UNESCO grâce à l’investissement de notre « équipe UNESCO élargie » ainsi qu’à notre fonction réseau. L’UNESCO nous offre aussi l’opportunité de nous exprimer devant les représentants des Etats et d’être ainsi « influenceurs » ; à titre d’exemple, je vous lis cet extrait de l’intervention d’André Jaeglé, Président émérite de la FMTS, en séance plénière de la dernière Conférence générale de novembre dernier:

« C’est pourquoi, la Fédération mondiale des travailleurs scientifiques s’adresse, depuis cette tribune, aux États pour leur demander d’entreprendre la renégociation des accords fixant les règles de fonctionnement des marchés afin que la compétition mondiale soit à égalité de conditions sociales, financières et écologiques, permettant ainsi à chaque pays d’affronter le plus efficacement possible la période qui s’annonce. »

Il est certain que les évolutions que j’ai décrites précédemment, ne favorisent pas l’engagement et j’en profite ici pour féliciter les jeunes qui sont parmi nous aujourd’hui. Nos organisations affiliées sont accaparées par leur propre agenda et même submergées.

Cependant nous ne devons pas renoncer aux appels de grande envergure : depuis Dakar, nous préparons, nous mûrissons un nouveau projet : la création d’un fonds pour la recherche en Afrique, chantier motivé par toutes les ambitions que nous portons pour l’être humain. Un atelier de mercredi y sera consacré. Je ne doute pas que d’autres projets vont germer et s’épanouir au cours de cette semaine, en particulier autour des « Objectifs de développement durable » ( adoptés par l’ONU en septembre 2015) en relation avec la Science.

Notre FMTS est un réseau très riche de sa diversité géographique et culturelle ; elle est un pont entre l’Est et l’Ouest, entre le Nord et le Sud, dans toues les acceptions de ces termes. Elle a les outils pour faire de la fonction Forum un point fort. Les appréciations que j’ai portées sur les principaux défis d’aujourd’hui sont pour l’essentiel issues de nos débats, des débats longs et quelquefois difficiles pour atteindre un consensus, consensus parfois impossible. Je serais trop long si je citais les déclarations que nous avons publiées au cours de ces 4 années. J’insiste sur un point qui me tient particulièrement à cœur : pour bâtir une déclaration, il faut un dialogue, que chacun cherche à comprendre, à saisir l’origine du problème et comprenne les implications et les futurs possibles, en un mot expliquer. Vous imaginez ma colère face au non-travail de nombre de journalistes et surtout devant cette saillie d’un politicien français : « expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser ».

J’espère que cet exposé a atteint sa cible qui était d’ouvrir les débats, d’inciter à une analyse critique pour rendre plus efficace notre FMTS. Les collègues m’ont invité à tenir compte du renouvellement humain qui s’opère et j’ai donc priorisé les contextes et les valeurs que nous portons ; ce renouvellement consiste notamment en la présence de davantage de femmes que par le passé dans l’A.G. ce qui entrainera sans doute leur présence en plus grand nombre dans nos instances. Je n’ai pas parlé des questions d’organisation mais nous devrions y travailler cette semaine, aussi je glisse une idée évoquée en secrétariat. Pour renforcer notre capacité de forum et d’influenceur pourquoi n’utiliserions nous pas davantage les techniques de visio conférences pour réunir davantage le secrétariat et le Conseil exécutif.

Avant d’en terminer avec mon introduction et vous souhaiter, nous souhaiter, bonne assemblée générale, je voudrais remercier deux amis de longue date – Shreesh Juyal du Canada et Smati Zoghbi d’Algérie – qui – pour des raisons de santé- n’ont pu achever leur mandat au secrétariat et je voudrais que l’on ait une pensée et que nous levions en mémoire de Roger Dittman des Etats-Unis et Seiji Yuasa du Japon, figures historiques et hautement symboliques de notre FMTS, qui nous ont quitté depuis notre précédente A.G..

Je vous remercie de votre attention et vous souhaite bon appétit.