Exposé introductif au Conseil Exécutif d’Evora – 3 juillet 2023

Madame la Rectrice de l’Université, Monsieur le Maire
Chers collègues membres de la structure qui se réuni cette semaine
Chers invités

Plan de l’exposé :
– Préambule
– Brève présentation de la FMTS
– Activité-Organisation : l’outil FMTS
– Les axes prioritaires

Préambule
Au nom de la Fédération Mondiale des Travailleurs Scientifiques (FMTS), je tiens à remercier les autorités politiques et universitaires qui nous font l’honneur d’accueillir ce Conseil Exécutif , n°94 ainsi que nos autres activités de la semaine, notamment le Symposium qui se tiendra mercredi dans ces mêmes locaux, symposium ouvert au public et qui a pour titre « la Coopération Scientifique, facteur de Paix et de développement durable ».
Je précise tout de suite que suite aux décisions de l’Assemblée Générale de Marrakech, l’an passé, la présidence est bicéphale : cet exposé, je le prononce au nom d’Elies Molins, professeur , directeur de recherche au CSIC d’Espagne et de moi-même, , Maître de conférences, chercheur dans un laboratoire associé au CNRS de France., Il est nourrir des secrétariats mensuels et par le bureau qui a été chargé de s’assurer du suivi des décisions et de la préparation des réunions.
A Marrakech, il avait été décidé également, la tenue annuelle de 2 conseils exécutifs, l’un en présentiel et l’autre en visio-conférence. Le secrétariat international de juin décida donc la tenue d’une réunion-en distanciel -qui s’est tenue en décembre 2022 et -grâce à l’engagement des organisations affiliées
portugaises- la tenue de cette session-ci en présentiel en fin d’année universitaire, à l’Université d’Evora.
Nous remercions nos organisations affiliées hôtes, ABIC (l l’Association portugaise des boursiers de la recherche scientifique ) , la FENPROF ( la Fédération Nationale des professeurs et l’OTC ( Organisation des Travailleurs Scientifiques ), qui ont organisé concrètement cette semaine de travail en étroite collaboration avec notre secrétariat international. Nous avons tenu des visioconférences très régulièrement depuis plusieurs mois. Je crois que nous avons tenu il y a quelques jours la 18è ! Nous tenons à souligner leur engagement humain et financier.
Cette année, encore, nous avons dû organiser un rassemblement « hybride » avec les inconvénients inhérents : nous remercions les amis de Chine qui devront veiller très tard lors de nos débats de l’après-midi tout comme ceux restés en Amérique du Nord ou du Sud qui seront excusés pour les premiers travaux du matin. Nous nous félicitons du fait que plus de la moitié des membres du Conseil
exécutif sont inscrits malgré les contraintes de temps et d’argent, malgré le contexte et tenons à remercier tous les invités présents représentants d’organisations amies ou individuels: au total sont inscrits plus de 60 personnes présentant plus de 30 organisations, provenant de 15 pays et 4 continents. Alors
que nos organisations affiliées ont leur propre agenda, qu’elles sont accaparées par la défense individuelle et collective des collègues, par la reconnaissance de nos missions plus nécessaire que jamais, ce rassemblement est pour nous un encouragement.
Des parties de cet exposé font redondance pour nombre de participants, pour ceux qui sont membres du CE et qui l’étaient dans un mandat précédent mais nous pensons que cette séance inaugurale, ouverte au public, aux collègues, aux travailleurs scientifiques d’ici, aux étudiants, à vous qui êtes invités ou nouveaux
délégués., est aussi une opportunité pour nous faire connaître.

Brève présentation de la FMTS
La Fédération mondiale des travailleurs scientifiques (FMTS), est une organisation internationale non gouvernementale partenaire officielle de l’UNESCO. Elle a été fondée en 1946, à l’initiative de personnalités scientifiques des sciences physiques notamment et d’un syndicat britannique, la British Association of Scientific Workers. L’existence de la FMTS est avant tout un appel à toute la communauté scientifique à s’impliquer dans la mise de la science et de la technologie au service de la paix et du bien-être de l’humanité, un appel à ne plus revivre les tragédies des guerres mondiales d’autant plus que « grâce » à la science et la technologie de nouvelles armes aux capacités de destruction sans précédent sont utilisables et viennent d’être utilisées à Hirochima et Nagasaki.
Deux axes de préoccupations convergeaient en faveur de la création de la FMTS en 1946 : ne pas permettre de nouvel Hiroshima ; mettre la science au service du bien-être.
La Fédération Mondiale des travailleurs Scientifiques ( FMTS) est en fait un réseau d’associations professionnelles, d’ONG et de syndicats qui rassemblent des personnels de la recherche publique et privée (et non une fédération, terminologie de l’époque de sa création, 1946, dans la mesure où les décisions ne sont pas contraignantes et résultent d’un consensus ). Elle accueille aussi des personnalités à titre individuel. Son activité principale – outre l’activité UNESCO réside dans les travaux des groupes de travail, ad-hoc ou permanents, dont les champs d’intervention sont notamment ; la paix, le désarmement et la coopération, le développement durable, le climat et l’énergie, les conditions de la recherche et celle des chercheures et des femmes scientifiques, le terme scientifique englobant tous les métiers et de la recherche et de l’enseignement supérieur, du technicien au directeur de laboratoire.
Je reviens sur l’idée fondatrice de s’opposer à l’utilisation des progrès de la connaissance à des fins militaires : une de ses premières interventions fut de prendre part et d’inciter ses affiliés à souscrire à l’« appel de Stockholm » qui fut lancé en 1950, signé par des millions de personnes à travers le monde, ce qui empêcha certainement Truman, le Président des Etats-Unis, de recourir à l’arme nucléaire pendant la guerre de Corée.
Je précise que lorsque nous parlons de Science , nous entendons tous les savoirs fondamentaux et appliqués, des sciences humaines et sociales aussi bien que des sciences de la nature et des mathématiques. Une constante dans ces 3/4 de siècle d’histoire est de maintenir le dialogue et la coopération entre scientifiques de pays aux cultures, aux régimes politiques différents, c’était le cas au temps de la guerre froide et aujourd’hui nous disons ceci dans une déclaration sur la guerre en Ukraine : « la FMTS s’inquiète du processus de l’isolement des scientifiques et des Intellectuels en Russie conduisant à la dégradation des relations scientifiques et culturelles, facteurs de paix. La communication, les échanges et la coopération doivent être maintenus au plan mondial ».
Nous avons souhaité en faire le thème central du symposium de mercredi.

Activité et Organisation : l’outil FMTS
Je ne m’étendrai pas sur ce sujet qui est le but et la justification de notre engagement personnel et collectif : vont me succéder mon homologue Elies puis les porte-paroles des services et des groupes de travail. Je veux cependant insister sur quelques idées.
1. Activité et organisation sont étroitement liées ; le réel effort dans celle-ci, illustré par l’organigramme présent dans le dossier d’invitation, ainsi que par la définition et la constitution de listes de diffusions :
o « internes « , c’est è dire pour nos différentes structures : CE,SI, groupes de travail et secteurs, bureau,
o « amis » regroupant organisations et personnes proches o « contacts » : organisations et partenaires en général, medias, structures académiques politiques… est indispensable à notre fonction forum, à notre fonction influenceur. Ce CE devrait inviter à aller plus avant dans cette impulsion portée par la nouvelle équipe élue à Marrakech.
2. L’activité des secteurs ( communication et UNESCO ) et celle des groupes de travail manque de régularité. L’exemple à suivre est celui de la commission de préparation de ce CE qui s’est réunie depuis 8 mois avec une moyenne de 2 fois par mois avec jour et horaire habituel et relevé de décisions : seule façon d’avancer avec efficacité et transparence. L’exemple vient aussi du secrétariat.
3. L’implication des organisations et personnels affiliés dans nos activités doit être recherchée. Les conseils exécutifs sont le lieu qui convient pour avancer dans cet objectif. Chaque organisation est représentée. Il y a l’implication que lj’appelle d’amont : la participation à la rédaction d’une déclaration, d’une résolution ou d’un projet et l’implication que j’appelle d’aval dans la diffusion d’un document, la participation à la réalisation d’un projet.
4. La FMTS serait alors perçue par les responsables de l’organisation affijuée plus que jamais comme un complément à leur activité propre : ajout de la dimension internationale pour certains, renforcement du pôle recherche ou de réflexions philosophiques et historiques pour d’autres. Cela faciliterait l’investissement humain et financier des affiliés dans notre fédération.
5. En effet pour poursuivre l’élargissement géographique, le rajeunissement et la féminisation de la FMTS, compte tenu des conditions de travail et de vie des jeunes dans nos métiers ( autre thème de notre symposium), il faut songer à une aide administrative régulière d’autant plus que notre activité est en phase de croissance. Le budget interprétation qui va continuer de croître par l’élargissement ajoute encore à notre besoin de recettes. Tout ceci converge vers l’appel à l’aide des affiliés.

Les axes prioritaires
Les menaces sur l’humanité qui sont autant de défis, les idéologies, les croyances des peuples et des dirigeants ainsi que les pratiques politiques qui en ajoutent d’autres : tout converge vers l’importance accrue de la relation Science et Société à notre époque et nous interpelle donc.
Dans mon exposé introductif à l’Assemblée Générale l’an passé, je relevais les défis majeurs suivants : le développement du recours à la guerre , le défi environnemental, les risques sanitaires, l’approfondissement des inégalités, le développement du repli identitaire, de la xénophobie, de l’intolérance et de l’irrationnel, la question des réfugiés, des migrations et puis tout l’ensemble que l’on appelle la révolution numérique. Après avoir listé ces défis, je proposerai quelques axes prioritaires d’activité, déjà investis par nous et à conforter ou faire évoluer ou créer Il est hors de portée, hors de question que nous ayons des groupes de travail sur chacun de ces sujets, mais il est utile d’exercer au moins une veille dans la mesure où ces défis sont causes et/ou conséquences les uns des autres et ont forcément un lien avec les sujets et nos débats prioritaires en ce moment.
1.L’armement : les budgets s’envolent, les armes sont de plus en plus sophistiquées et malgré leur technicité accrue sont toujours de destruction massive (en 2003 ce sont plusieurs centaines de milleirs d’Irakiens victimes de l’intervention américaine, en 2022-23, l’intervention russe est en passe d’atteindre les mêmes chiffres avec en outre la menace d’engager l’arme ou les armes nucléaires. La FMTS se doit de poursuivre et d’accélérer sur cet axe de travail historique.
Comme je disais il y a quelques instants, le recours à la guerre est redevenu une option. On ne peut se contenter de larmoyer ! Il faut étudier les causes.
Je risque une piste :
• Dans toutes ces guerres, il y a des deuils, des souffrances, mais il y a aussi des retombées ‘’positives’’ pour certains, notamment pour les complexes militaro-industriels, en l’occurrence dans le cas de la guerre en Ukraine, ceux des USA, de l’Europe occidentale et de la Russie.
• On peut raisonnablement affirmer que l’on assiste en Ukraine à l’opposition de deux impérialismes, deux capitalismes néo-libéraux.
2.L’environnement et la déstabilisation du « système Terre » en général : depuis 10 ans que nous nous sommes engagés dans ce chantier il est peu de dire que nous ne sommes pas de trop sur ce sujet. L’humanité constate que les catastrophes passent du futur au présent. Beaucoup de dirigeants se contentent de mesurettes et même certains, motivés surtout par une réussite électorale chevauchent le climato scepticisme. Depuis un an nous avons ciblé la question des océans et avons mis sur pied un groupe d’experts internationaux qui animent un groupe de travail avec des scientifiques que j’appelle « généralistes », c’est à dire comme nous-mêmes, des collègues inscrits dans notre groupe de travail n°2. Cette démarche, ce dispositif est adapté à notre volonté de faire le lien avec la société, d’être des
influenceurs.
3. Le défi environnemental ne peut être relevé qu’en y joignant les luttes sur le plan social et culturel ainsi que sur le plan moral. C’est valable pour toutes les classes sociales, élevées et même moyennes dont la majorité des scientifiques fait partie, et pour tous les peuples Depuis les années 2000 nous travaillons sur les conditions de travail et de vie permettant de remplir véritablement nos missions : moyens matériels, démocratie dans l’institution, autonomie et liberté académique, collaborations internationales, science « ouverte » pour reprendre la terminologie de l’UNESCO.
Nous nous sommes élevés contre la mise à l’écart de chercheurs russes par le CERN de Genève. Le groupe 3 est donc plus que jamais nécessaire.
4. Le défi environnemental est tel que nous sommes interpelés plus profondément et plus largement. jusqu’à l’obligation de réfléchir à nos modes de vie. Notre quotidien doit tenir compte de la nécessaire modification de la consommation sinon même de la décroissance alors que contradictoirement on assiste à des poussées de « dégradation politique et morale ».
Entendons par là, les développements du repli sur soi, de l’égoïsme, de l’intolérance et.de l’irrationnel Ceci nous oblige à un combat d’idée consistant à faire face à 2 tentations diamétralement opposées mais également nocives : d’une part, la tentation de l’antiscience, le succès des fake news et de l’‘irrationnel » et d’autre part , l’excès inverse, le scientisme, la croyance naïve aux solutions techniques, « on trouvera bien, à temps, les moyens d’absorber les gaz à effet de serre, les matériaux et sources d’énergie indispensables. Je soulève ici l’immense question de l’éducation à la science et de l’ Education tout court, au sens des savoirs être et pas seulement au sens des savoirs et des savoirs faire. Nous devons toujours rappeler l’ambivalence de la science. qui est produit des hommes et donc comme eux navigant entre le bien et le mal.
Le défi environnemental ne peut être relevé si les mesures prises sont et/ou apparaissent ciblées sur les petits, les plus faibles dans chaque pays et sur l’ensemble de la planète.
Cette ‘’écologie punitive’’ est inacceptable ! Elle est vécue comme une injustice. Quand les écarts de revenu croissent, quand la majorité des politiques actuelles consistent à des marchés nouveaux pour obtenir profits et croissance.
L’écologie n’est alors qu’un paravent, par exemple, la lutte contre les gaz à effet de serre permet des gains importants, comme le Tout électrique ou le Tout éolien.
Je me suis attardé sur ce défi environnemental parce que c’est une mine de travaux qui rentre parfaitement dans nos missions….
5 C’est dans ce contexte que l’on reconstruit le groupe de travail « femmes et sciences », dans une approche diversifiée tenant compte des disparités, des histoires différentes. selon les continents et les régions.
6. Nous relançons l’appel à la création d’un fonds spécifique pour la recherche en Afrique. La curiosité nous dit-on fut la plus grande qualité d’ » homo sapiens » ; en tous cas, cette créature a réussi au cours des derniers siècles notamment à faire de la découverte de son environnement, de l’àcôté immédiat jusqu’ aux confins de l’univers, depuis l’infiniment petit jusqu’à l’infiniment grand une véritable épopée rassemblant des femmes et des hommes de toutes cultures et civilisations. Mais avec des inégalités énormes ! tant dans la phase de création que dans la répartition des retombées. Un marqueur historique de notre fédération est le maintien et même le développement du dialogue et de la capacité à travailler ensemble des scientifiques d’âge, de sexe, de cultures, de croyances , , de pays aux régimes politiques différents. Plus que jamais, compte tenu des défis rappelés nous devons maintenir ce cap.
Nous avons prévu, pour ce premier CE en présentiel de notre mandat de 4 ans de mettre l’accent sur l’auto-analyse : qui sommes nous ? et surtout à quoi servons nous.
Je passe la parole à Elies qui va revenir sur les questions d’activité et d’organisation , sur la réflexion sur l’utilité » de notre organisation sur un mode plus prospectif, davantage tourné vers le futur .

Je nous souhaite bon débat et bons travaux pendant ces 4 jours .

Jean-Paul Lainé